Yahia Dellaoui. Professeur / Laboratoire de biologie-réanimatrice CHU Oran /Laboratoire de thérapeutique : faculté de médecine d'Oran. La question est volontairement provoquante, et c'est lors de la rencontre tenue dernièrement avec les lauréats au baccalauréat étudiants pharmaciens dont la tutelle s'est exprimée à ce sujet. Le rôle principal du jeune pharmacien est la fabrication (synthèse) médicamenteuse répondant aux exigences normatives et réglementaires pour la prévention et le traitement de certaines pathologies. Le jeune pharmacien algérien est le mieux placé pour assurer la responsabilité des fabrications, c'est-à-dire pour prévoir les répercussions fastes ou néfastes de chaque geste de synthèse médicamenteuse après l'enseignement qu'il reçoit en chimie-thérapeutique médicinale et en chimie organique pharmaceutique. Comme le disait dans les années 80 notre patron de la chaire de chimie clinique, le professeur Ali Gherib, chef de service du laboratoire central à l'hôpital Mustapha Alger-centre, «la qualité se fabrique» avant d'être contrôlée et le contrôle final sur un échantillon n'a pas de sens que sur des lots homogènes, bien fabriqués. Et en matière de formation universitaire, qui se déroulera dans nos 10 facultés de médecine du pays, il faudra dresser avec les autorités compétentes, entre autres, le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, les objectifs, et définir le profil du pharmacien spécialiste, qui doit passer obligatoirement par une formation dans le cadre du résidanat en chimie-thérapeutique et une maîtrise en chimie organique et pharmaceutique. Par ailleurs, parmi les préoccupations du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, c'est l'interdiction de l'importation des médicaments qui sont déjà produits dans le pays. Objectifs : pour un bon enseignement de qualité auquel l'étudiant pharmacien est confronté à la fabrication des molécules médicamenteuses (industrie pharmaceutique) : la maîtrise de la chimie médicamenteuse et le perfectionnement de la chimie clinique sont primordiaux. Le Conseil pédagogique national (CPN) des étudiants en pharmacie se tiendra très prochainement, vu la situation précaire actuelle des majors au baccalauréat, avec la participation des enseignants hospitalo-universitaires des différentes facultés de médecine à l'échelle nationale. Une réforme des études en pharmacie sera discutée et élaborée d'une façon cohérente et pertinente, focalisée sur les besoins de la santé publique, d'une part, et le devenir du pharmacien algérien et surtout la situation actuelle de l'industrie pharmaceutique dans le pays, d'autre part. Une réforme qui vise à former un véritable «docteur en pharmacie» «Qui maîtrise sa thérapeutique et sa chimie : un brillant passé et un vrai futur» Le CPN de la spécialité de chimie thérapeutique est chargé de travailler sur cette réforme et devrait rendre des propositions au CPN de la filière pharmacie, qui se tiendra très prochainement à Alger. La chimie thérapeutique, ou encore appelée chimie médicinale renommée et impressionnante, décrit la relation entre une molécule chimique et une activité thérapeutique. Cette chimie médicinale doit se scinder en deux (2) parties, une partie en 3e année pharmacie et une partie en 4e année pharmacie. Pour arriver à de bons résultats pédagogiques, il serait nécessaire de discuter et de répondre à un certain nombre de questions qui sont de nature à permettre à tous les pharmaciens d'accomplir au mieux leur mission de thérapeutique. 1/ Comment assurer la fabrication médicamenteuse, sa prescription et sa dispensation ? 2/ Comment concilier cette formation en chimie thérapeutique et intégrer l'étudiant pharmacien dans une équipe hospitalière pour acquérir le savoir-faire et un certain comportement, voire une conduite à tenir, vis-a-vis du patient ? 3/ Comment gérer un service hospitalo-universitaire d'une pharmacie hospitalière par la maîtrise d'une chimie thérapeutique ? Beaucoup d'autres questions touchant aux autres aspects des activités du pharmacien dans notre pays sont en évolution constante. Nous spécialistes, nous proposons l'enseignement d'une partie du module de chimie thérapeutique (médicinale) en 3e année pharmacie, en parallèle aux sciences pharmaceutiques et une partie en parallèle aux enseignements des sciences biologiques enseignées en 4e année. Exemple : chimie des antiépileptiques, en parallèle à l'enseignement pharmaceutique et une deuxième partie du module enseignée en parallèle aux sciences biologiques enseignées en 4e année pharmacie, exemple : les antipaludiques de synthèse. Par ailleurs, il convient de rappeler qu'une note d'information, reçue de la direction générale de la Fonction publique et diffusée au niveau de toutes les facultés de médecine du pays et qui précise que les docteurs en pharmacie peuvent être promus successivement aux grades de pharmacien généraliste et principal, classés à la catégorie 15, et de pharmacien généraliste-chef, classés à la catégorie 17, et ce, conformément aux articles 35,36,44, 45 et 61 du décret exécutif numéro 09-393 du 24 novembre 2009 portant statut particulier des praticiens médicaux généralistes de santé publique. Enfin, voilà le programme de chimie thérapeutique et médicinale enseigné à nos étudiants pharmaciens dans un but de chimie-clinique et analyse médicale et dans un autre but la fabrication des médicaments et l'industrie pharmaceutique pour l'économie du pays.-