Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville et également ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune, a reçu jeudi le chef de la délégation européenne en Algérie, John O'Rourke. A l'issue de cette rencontre, M. Tebboune a tenu à rendre public un communiqué dans lequel il affirme que les «mesures adoptées par l'Algérie pour la rationalisation de ses importations n'impactaient pas le niveau des échanges commerciaux entre l'Algérie et l'Union européenne». Voulant rassurer le partenaire européen, le ministre algérien a précisé que ces mesures avaient pour objet «la rationalisation de la facture des importations et la protection du produit national et du consommateur». Ceci, et de réitérer «l'engagement de l'Algérie à mettre en œuvre les accords stratégiques conclus avec l'UE», et de saluer en outre «l'action commune des deux parties pour la réalisation de projets d'investissement mutuellement avantageux». L'hôte de M. Tebboune, John O'Rourke, dit pour sa part comprendre «les mesures adoptées par le gouvernement algérien concernant le système des licences d'importation et des contingents tarifaires avec l'UE, d'autant que les accords de libre-échange conclus avec l'UE ne sont pas concernés par ces mesures». Une déclaration qui remet de l'eau dans le vin de la partie européenne qui avait émis bien des réserves sur le système des licences d'importation jugé non conforme aux accords liant les deux parties. Le 9 mars dernier, un rapport de l'UE sur l'état des relations UE-Algérie dans le cadre de la politique européenne de voisinage a vivement critiqué les mesures de recours aux licences d'importation. «En janvier 2016, l'Algérie a pris une série de mesures restrictives au commerce bilatéral avec l'UE sous forme d'introduction de licences d'importation non automatiques pour certains produits, tels que les voitures, le ciment et les ronds à béton. Ces mesures protectionnistes prises sans concertation préalable avec l'UE sont venues s'ajouter aux restrictions et entraves au commerce et à l'investissement déjà existantes, en rendant encore plus difficile le climat des affaires pour les opérateurs économiques européens», jugeait le rapport européen. La déclaration de Abdelmadjid Tebboune apporte un élément nouveau au feuilleton sur les licences d'importation qui a fait l'objet ces derniers jours de cacophonie. Elle intervient quelques jours après la décision d'ouverture de la domiciliation bancaire pour les licences d'importation et les contingents de biens et marchandises auprès de l'Union européenne au titre de l'exercice 2017. Notons qu'en 2016, les importations à partir de l'UE ont atteint un volume de 16, 79 milliards de dollars. Depuis la mise en application de l'accord d'association en 2005, une perte de 7 milliards de dollars dans les échanges commerciaux est encaissée par l'Algérie. A l'issue de la dernière réunion du Conseil d'association à Bruxelles le 13 mars dernier, les deux parties ont signé une série de projets pour un montant de 40 millions d'euros affectés à l'aide au développement des énergies renouvelables, à l'appui au programme des finances publiques, et au programme d'appui à la mise en œuvre de l'accord d'association. Un démantèlement tarifaire total est prévu en 2020 ; comment l'Algérie y fera face ? La question reste ouverte.