La prise en charge institutionnelle des autistes est un échec auquel il faudra remédier en autorisant le recrutement de plus d'auxiliaires de vie scolaire (AVS) dans les écoles. L'un des points captivants du programme de cette journée de sensibilisation à l'autisme, célébrée avant-hier par l'Association de prise en charge des enfants autistes de la wilaya de Béjaïa (APCEA), était la projection d'un film documentaire intitulé Les oubliés, réalisé par Hocine Naït Hatrit, sur la prise en charge des enfants autistes par les bénévoles de l'APCEA. Le documentaire de plus d'une vingtaine de minutes comporte des séquences de l'activité quotidienne des auxiliaires de vie scolaire (AVS) et autres bénévoles auprès des enfants, des images émouvantes et un témoignage poignant d'un parent d'un enfant autiste. Pour autant, le document interpelle les pouvoirs publics, la société civile avec un focus sur le rôle et la responsabilité des parents. Le film a permis d'ouvrir un débat aux contours d'une thérapie de groupe, où les parents se sont «lâchés» afin de raconter — à qui veut les entendre — leur désarroi quotidien et la marginalisation dont souffrent leurs enfants. Pour une orthophoniste issue du secteur public, «la politique de l'intégration des enfants autistes dans le milieu scolaire, comme elle se fait actuellement, ne répondra jamais aux besoins de l'apprentissage de cette catégorie». Et d'insister : «Avec un AVS pour 3 ou 4 enfants et sachant les spécificités du comportement d'un enfant autiste et le fait que ces patients ne soient pas rassemblés dans une seule classe, cela ne conduira jamais à de bons résultats.» C'est pour cette raison, conclut-elle, que «l'administration doit absolument doter les établissements en AVS afin d'aboutir à un AVS pour chaque enfant». Lui emboîtant le pas, le président de l'association, Rochdine Kheireddine, a rappelé qu'«une convention a été signée entre son association et la direction de l'action sociale (DAS) qui a permis le recrutement de 20 AVS pour 90 enfants scolarisés, mais cela reste insuffisant». Car, dit-il, «l'encadrement est vital pour cette approche de prise en charge, qui consiste à axer le travail sur le comportement de l'enfant, ce qui tranche avec l'approche médicale». Le manque de moyens et de personnel a privé une quarantaine d'enfants de la prise en charge. «40 autres enfants sont inscrits pour bénéficier de la prise en charge que propose l'APCEA, mais devant la réalité du terrain où les contrats de recrutement des encadreurs via la DAS reculent et les subventions s'amenuisent, la prise en charge s'apparente à un challenge». A ce propos, l'association a lancé un appel à d'autres partenaires afin d'augmenter les capacités de prise en charge des associations. Pour un plan d'urgence Selon les responsables de l'association, il n'existe en Algérie aucun «plan autisme». Mais, la solution d'un plan d'urgence qui pourrait soulager les parents et les enfants autistes n'est pas difficile à mettre en œuvre : ce plan incite les pouvoirs publics à se rapprocher des associations qui sont déjà structurées afin d'apporter l'aide nécessaire en termes d'encadrement et de moyens financiers. Le droit à l'apprentissage et à la scolarisation des enfants atteints de cette maladie, l'une des préoccupations de l'association, est loin d'être acquis. Les membres de l'APCEA préconisent que seul un centre spécialisé est susceptible de réaliser le vœu de tous les parents, celui de voir leurs enfants suffisamment développés sur les plans social et comportemental afin d'intégrer l'école publique. «L'éducation inclusive» n'étant pas promue dans le secteur de l'éducation, le système éducatif algérien ne prend pas en compte les besoins individuels en matière d'enseignement et d'apprentissage des enfants. Afin de rapprocher le vécu des enfants autistes et leurs parents des cercles de décision, l'un des intervenants a émis le souhait «que le documentaire de Nait Hatrit soit projeté dans la salle des congrès de l'APW de Béjaïa afin que les élus revoient à la hausse les subventions qu'ils ont amputées au détriment des personnes aux besoins spécifiques».