En l'absence de stations d'épuration et de relevage, des milliers de foyers déversent leurs eaux usées dans la mer. Une bonne partie (61,11%) du littoral de la wilaya de Boumerdès est ponctuée de points de rejets des eaux usées. Les statistiques exposées récemment par la direction locale de l'hydraulique à la maison de l'environnement, font état de 55km de littoral qui n'est pas protégé contre les risques de pollution. Ce problème de taille qui menace les écosystèmes de cette zone ne semble pas inquiéter les autorités locales. En plus des nombreux sites de chalets qui déversent les eaux usées dans la mer, des centaines de nouvelles habitations ont poussé le long du littoral, comme c'est le cas à Cap Djenet, où la bande côtière a perdu complètement de son charme. Pourtant, la loi 90-29 du 1er décembre 1990 relative à l'aménagement et à l'urbanisme interdit «toute construction sur une bande de terre de 100 mètres de largeur à partir du rivage». Ces espaces connaissent également une dégradation importante due à l'extraction non autorisée du sable. Mais le problème de pollution pourrait survenir en raison du manque de stations de relevage et d'épuration dans les localités côtières. Selon nos sources, la partie est de la wilaya n'est dotée d'aucune station d'épuration. Pis encore, la wilaya compte 7471 fosses septiques et 15 stations de relevage qui couvrent 35 sur les 90 km de côte. 14% des foyers de la région ne sont pas raccordés au réseau d'assainissement, a précisé la même source. «On a trois stations d'épuration qui se trouvent dans les communes de Thénia, Zemmouri et Boumerdès. Au début, il a été décidé de réaliser deux autres à Dellys et Boudouaou, mais ces projets n'ont pas dépassé le stade de prévision», précise un cadre de la direction de l'hydraulique. Le drame est que plus de 98% des eaux épurées par les stations existantes sont rejetées dans la mer. Dans la commune de Boumerdès, les eaux usées provenant de la cité Aliliguia sont déversées directement dans l'oued qui finit son cheminement naturel dans la plage du site du Rocher noir, changeant complètement la couleur des eaux marines. Néanmoins, cela ne dissuade pas les estivants d'aller s'y baigner en été. En plus des maladies pouvant être occasionnées à ces derniers, le phénomène de la pollution des eaux marines aura été à l'origine de la disparation de plusieurs espèces. Et on se rappelle des cétacés, dont des baleines, qui se sont échoués durant ces dernières années au niveau des plages de Dellys, Figuier et Boumerdès. Même si on ignore encore les résultats des enquêtes enclenchées pour connaître les raisons de leur mort, d'aucuns ne peuvent nier l'impact des dégâts infligés à leur milieu par la bêtise humaine.