Ce documentaire d'une durée de 55 minutes, en compétition pour le Fifog d'argent 2017, montre toute l'horreur et les exactions de Daech sur les femmes et les enfants. Armé de sa caméra, le journaliste et reporter de guerre, Kamal Redouani, est allé à la rencontre de certaines de ses victimes de l'Etat islamique. Il a filmé le retour de ces femmes et de ces enfants, qui ont trouvé refuge au Kurdistan après avoir vécu l'enfer de l'Etat islamique en Syrie et en Irak. Ce spécialiste du Moyen-Orient, qui a couvert l'Irak, le Liban, la Syrie et la chute de Ben Ali, livre une enquête, réalisée en six mois, avec des allers et retours fréquents. Il tend le micro à des femmes et des enfants, pour venir conter les supplices qu'ils ont endurés durant ces longs mois. Des femmes sont enlevées, vendues au plus offrant, pour devenir ensuite des esclaves sexuelles. Des enfants, dont l'âge est compris entre 9 et 14 ans, subissent des séances d'entraînement durs pour devenir les «Lionceaux du califat». Ainsi, la caméra s'introduit dans des foyers pour s'attarder sur ces portraits de femmes et d'enfants, originaires de la communauté kurdophone des Yézidis, à la frontière irako-syrienne. Nesrine est une jeune fille de 17 ans, qui a été libérée après des mois de captivité. Elle regagne les siens dans un camp de fortune. Elle ne retrouve que sa mère. Son père, ses frères, sa belle-sœur ainsi que trente personnes de sa famille ont été enlevés. Les yeux larmoyants, elle a du mal à se dévoiler devant la caméra. Renfermée sur elle-même, elle finit par se confier à un commis de l'Etat, en lui racontant sa vie au quotidien chez Daech. Elle confie, entre autres, qu'on l'a frappait à la tête à chaque fois qu'on l'obligeait à lire le Coran, alors qu'elle ne ne maîtrisait pas la langue arabe. Quand elle refusait les avances de son bourreau, il la violait. Nesrine ne se sent pas prête à retirer son voile, car, comme elle le dit si bien : «J'ai pris l'habitude de porter ce foulard. Ce n'est pas le moment de l'enlever.» Ikhlaass, elle aussi, a subi des atrocités incroyables, mais a décidé de se projeter vers l'avenir. Nagued est un enfant de 13 ans, qui a rejoint malgré lui les camps de l'Etat islamique. Il raconte que les matinées étaient réservées à psalmodier le Coran et l'après-midi était consacré aux entraînements. Ceux qui rataient leurs entraînements se voyaient bastonnés. Des films de propagande étaient diffusées aux plus méritants. Le gamin arrive même à voler, un jour, la carte mémoire d'un appareil photos. Les visages de certains de ses tortionnaires sont alors dévoilés sous toutes leurs coutures. Un autre père de famille raconte, également, dans ce reportage, que son gamin de cinq ans a été kidnappé par un chef islamiste, qui lui a appris l'usage d'une arme à feu. Le reporter Kamal Redouani a zoomé, dans un deuxième temps, sur des femmes snipers yézidies de la ville de Sinjar. Ces combattantes de l'ombre entendent bien résister à ces monstres et rétablir un peu l'ordre. Femmes et enfants esclaves: dans l'enfer de Daech est un documentaire sans concession, qui revient avec beaucoup de compassion sur cette souffrance humaine qui ne dit pas son nom. Le journaliste et reporter, Kamal Redouani, avoue à la fin de la projection qu'il avait envie de réaliser un film sur les femmes, mais les enfants sont venus en annexe «parce que, finalement, les familles me parlaient de leurs enfants disparus. Je travaille seul. Je passe beaucoup de temps avec mes sujets. Les familles finissent par se livrer à vous. J'ai vécu le moment de la libération de Nesrine avec beaucoup d'angoisse».