«C'est une réunion importante, un peu fondatrice de l'astronomie en Algérie qui s'est conclue la semaine dernière», nous a affirmé en préambule le Pr Jamal Mimounien, en sa qualité de secrétaire de l'événement. Il est question de la 4e conférence algérienne sur l'astronomie et l'astrophysique, organisée du 27 au 29 mars dernier à l'université de Khenchela par le Craag, en coordination avec l'université de Khenchela, la direction générale de la recherche scientifique (DGRSDT) et la wilaya de Khenchela. C'est une conférence historique à plus d'un titre. «D'abord par son ampleur, car elle a vu, en effet, la participation de quelque 80 astrophysiciens et jeunes chercheurs des différentes universités et centres de recherche en Algérie, ainsi que des experts de dix pays. Notons parmi eux la présence du Pr Piero Benvenuti, secrétaire général de l'Union astronomique internationale (IAU), l'institution qui fait autorité au niveau mondial concernant les activités de recherche en astronomie», sera-t-il expliqué dans un communiqué adressé à notre rédaction. Et d'insister encore sur son caractère historique «… aussi par le fait que c'est la première fois dans le monde arabe que quasiment tous les observatoires astronomiques de la région se retrouvent réunis ensemble, souvent même représentés par leurs directeurs en personne, en plus de la participation de quelques observatoires français. Il s'agit notamment de ceux de l'université Notre Dame, au Liban, Oukaimeden, au Maroc, Kottamia, en Egypte, Scass à l'université de Sharjah, aux UAE, et de l'Observatoire de radiotélescopie d'Al-Uyayna d'Arabie Saoudite». Selon le signataire du document, Pr Nassim Seghouani, «cette conférence s'est tenue dans le contexte de l'ouverture imminente de l'Observatoire national des Aurès, au mont Aliness, dans la wilaya de Khenchela, la première depuis l'indépendance de l'Algérie. Elle fait suite aux trois précédentes conférences tenues respectivement à l'université de Batna, au Craag à Alger et à l'université de Constantine, et vise à rassembler la communauté astronomique algérienne pour discuter de la recherche actuelle, en prenant pour thème principal ‘‘Time Domain Astrophysics'' soit donc les phénomènes astrophysiques temporels, tels que les ondes gravitationnelles, les GRBs, Super Novae…et ce, à l'ère de l'ouverture de ce qu'on appelle l'astronomie ‘‘multi-messenger''». Et de rappeler que «son objectif était aussi de dégager une stratégie pour la promotion de l'astronomie dans notre pays dans le cadre de ce nouvel Observatoire des Aurès, dont nous sommes heureux de rapporter que la préparation du site est dans une phase avancée et que le placement sur site des premiers équipements est en cours». Durant les trois journées de la conférence, une trentaine de communications orales et autant sous forme de posters ont été présentées, touchant les différentes branches de l'astronomie observationnelle et théorique. La rencontre s'est conclue par une table ronde passant en revue la situation et les perspectives futures de l'astronomie en Algérie. A l'issue de la réunion, les participants en ont dégagé des résolutions, qui ont été adoptées à l'unanimité et qui sont les suivantes : «L'enseignement de l'astronomie dans les universités algériennes qui se fait de manière sporadique dans le système LMD au niveau du tronc commun, doit être renforcé, voire systématisé dans la mesure du possible. Alors que l'astronomie est une science fondamentale qui a rejoint en importance au fil des années les autres sciences dans les pays développés, il ne sied pas à nos étudiants des filières scientifiques, notamment des sciences exactes, de ne pas avoir un enseignement d'initiation à l'astronomie lors de leur parcours universitaire ; l'enseignement spécialisé en astrophysique, qui n'existe qu'au niveau de l'université Mentouri de Constantine, se doit d'être renforcé et une formation doctorale devrait impérativement être mise en place aussitôt que possible. La nécessité de donner aux étudiants appelés à se spécialiser une formation d'astronomie observationnelle poussée a été relevée avec ses implications quant à la nécessité de disposer de l'instrumentation nécessaire ; le projet de l'Observatoire national des Aurès en voie de réalisation avec comme concentration initiale les ondes gravitationnelles, les GRB's, les Super Novae, les exoplanètes, et autres sujets traités par l'Observatoire devraient constituer autant d'axes de recherche prioritaires pour les équipes de recherche ; l'université de Khenchela devrait également jouer un rôle primordial en matière de formation en astrophysique, mais aussi dans les domaines de l'instrumentation astronomique, électronique, mécanique de précision et de l'optique.» La communauté astronomique a fait de son vœu sa pleine association au projet du centre de recherche en astronomie, comme annoncé par les autorités officielles aux médias, pour que sa création puisse profiter de ses observations quant aux statuts et missions. Par ailleurs, l'absence d'une société algérienne d'astronomie et d'astrophysique à l'effet de promouvoir ce domaine scientifique vital a incité les participants à décider de la formation d'un comité pour préparer l'établissement légal d'une telle entité, et ce, en qualité d'association nationale. Ce comité, ouvert à d'autres membres, est composé actuellement de N. Seghouani (Craag), A. Bouldjedri (Batna), Y. Damerdji (Craag), S. Aoudia (Béjaïa), R. Attallah (Annaba), B. Si-Lakehal (ENP Alger) et DJ. Mimouni (Constantine).