Le président Bouteflika a-t-il promis en 2004 la présidence de l'Assemblée populaire nationale (APN) au Mouvement pour la société et la paix (MSP) ? Oui, si l'on en croit les révélations faites hier par l'ancien président du MSP, Aboudjerra Soltani. Dans une tribune publiée sur sa page Facebook, Aboudjerra Soltani, ancien ministre du Travail et ancien ministre d'Etat, est revenu sur les raisons et les circonstances de la création, en 2004, de l'Alliance présidentielle composée du FLN, RND et MSP et sur le soutien du MSP pour un deuxième mandat pour Abdelaziz Boutefliak. Soltani convoque le passé en s'inspirant des déclarations faites récemment par l'ancien président de l'APN, Abdelaziz Ziari. Celui-ci aurait évoqué, selon Soltani, l'éventualité de confier la présidence de l'APN à une personnalité appartenant au courant islamiste. Ziari a lié cette éventualité au résultat des négociations avec le pouvoir et l'entrée au gouvernement du MSP à travers une alliance présidentielle ou semi-présidentielle. D'après Ziari, cette question était au centre des débats entre les hauts responsables au pouvoir. Soltani confirme les propos de Ziari dès lors qu'il était, dit-il, acteur à l'époque des faits. Il était président du MSP. Il affirme que l'éventualité de donner la présidence de l'Assemblée au MSP était posée en 2004, et ce, au nom des équilibres de représentation politique au sein des partis de l'alliance présidentielle. «Lors d'une réception à l'occasion des festivités commémorative du 49e anniversaire du déclenchement de la Révolution, le président Bouteflika m'a dit : ‘‘Il faut faire quelque chose avec si Ahmed Ouyahia et si Abdelaziz Belkhadem.'' J'ai compris le message et j'ai préparé le terrain pour le passage du MPS au gouvernement», déclare Soltani. Une semaine plus tard, ce dernier affirme avoir rencontré le président Bouteflika en aparté : «Nous avons discuté de longues heures sur le présent et l'avenir de l'Algérie et j'ai senti dans ses propos une forte volonté de réformer et d'édifier un Etat puissant», explique Soltani. La rencontre en question, dit-il, s'est soldée par la proposition de créer une alliance politique avec le FLN et le RND. «Nous avons alors mis en place une commission de neuf membres représentants les trois partis qui a entamé le travail pour la mise en place d'une coalition fin 2003», note Soltani précisant que le conseil consultatif du MSP a décidé de soutenir Bouteflika lorsqu'il avait annoncé sa volonté de briguer un deuxième mandat. Après sa prestation de sermon, rappelle Soltani, il y a eu un débat houleux concernant la cohésion des institutions de l'Etat. A partir de là Karim Younes, qui était proche de Ali Benflis, démissionne de la présidence de l'APN et cette institution est restée pendant 21 jours sans président. «Durant cette période, il y a eu une large consultation et le président Bouteflika était d'accord pour que la présidence de l'APN revienne au MSP, et ce, afin de concrétiser ce principe des équilibres entre les partis de l'alliance mais, pour des raisons d'organisation, le siège est revenu au FLN», rapporte Soltani. Après l'intronisation de Amar Saadani a la tête de l'APN, une délégation du MSP est allée le voir pour le féliciter, ce dernier lui a avoué que «le poste qu'il a hérité devait revenir au MSP, mais en raison de la crise qui secouait le FLN, ils étaient obligé de le désigner provisoirement à ce poste», révèle Soltani, qui précise que ce provisoire a duré 14 ans. Si l'alliance est relancée en prévision de la présidentielle de 2019, est-ce que les décideurs vont corriger une vieille erreur politique en permettant à un des hommes du MSP de diriger l'Assemblée ? s'est interrogé Soltani en revendiquant ce droit !