Les étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (UMMTO) ont observé, hier, une journée de grève pour protester contre « la politique de replâtrage et le désengagement de l'Etat quant à la prise en charge effective du secteur de l'enseignement supérieur ». Parallèlement, un rassemblement, qui a regroupé un important nombre d'étudiants, a été organisé devant la bibliothèque universitaire. Les différents intervenants ont tenu à démentir les dernières déclarations, faites à certains médias par des responsables de l'UMMTO qui se sont félicité d'avoir réussi la rentrée de la nouvelle année universitaire. « Les étudiants inscrits cette année dans les filières des sciences commerciales, les sciences politiques et l'interprétariat n'ont toujours pas commencé leurs cours. Des milliers de nouveaux bacheliers ne sont pas encore hébergés et d'autres sont injustement exclus du transport universitaire suburbain », dénoncent les représentants de la Coordination locale des étudiants (CLE). Le retard pris dans l'achèvement des travaux de réalisation des nouvelles places pédagogiques et des nouveaux blocs au niveau de certaines résidences explique la colère des étudiants. Ces derniers déplorent également le manque cruel d'un corps enseignant de qualité, les carences multiples en matière d'équipement pédagogique (ouvrages, salles Internet, matériel de laboratoire). Les protestataires n'ont pas manqué de soulever le problème des résidences surchargées, l'insécurité et le manque d'hygiène dans les restaurants universitaires et les campus transformés en de véritables dépotoirs à certains endroits. Les membres de la CLE n'ont pas ménagé le recteur de l'UMMTO et les responsables des œuvres universitaires qu'ils accusent d'irresponsables et de laxistes devant la dégradation des conditions des études à Tizi Ouzou. « Grève illimitée » à Boumerdès A l'université M'hamed Bougara de Boumerdès une centaine d'étudiants de la faculté des sciences a fermé, hier, le portail de leur établissement, entamant ainsi une « grève illimitée » pour protester contre le « durcissement des conditions de rachat ». Les étudiants mettent en avant « les multiples mouvements de grève de l'année dernière et les difficiles conditions dans lesquelles ont eu lieu les examens » pour appuyer leurs revendications. Réunie en assemblée générale la veille, la coordination locale des étudiants a décidé d'« un mouvement de protestation qui ne s'arrêtera qu'une fois tous les problèmes posés auront trouvé une solution ». « Nous vivons de nombreux problèmes induits par la gestion catastrophique de la grève de l'année dernière. Les examens du 2e semestre, qui devaient se tenir à la fin de l'année, n'ont eu lieu qu'en septembre, suivis en l'espace de quelques jours seulement de ceux de la synthèse et du rattrapage. Malgré cela, au lieu d'assouplir les conditions de passage, l'administration, avec la complicité de certains enseignants, a décidé d'élever la moyenne inférieure de rachat à 9,80, laquelle était de 8/20 l'année dernière », nous ont déclaré les étudiants. Les manifestants exigent aussi de « revoir la notion de la note éliminatoire et les modalités d'inscription en 3e année ingénieur des étudiants venant des autres établissements ». Au sujet des inscriptions externes, les étudiants de la faculté des sciences se disent « très lésés par suite de la situation induite par la grève de l'année dernière » qui les « défavorise par rapport aux étudiants des autres universités qui ont eu un parcours normal et qui sont par conséquent mieux partis pour s'inscrire dans les filières les plus demandées ». Les contestataires ont saisi cette occasion pour réclamer l'amélioration des conditions de travail dans leurs différents départements, demandant une révision du volume horaire et la dotation de laboratoires en moyens nécessaires. Pour la section locale du CNES « cette situation est le résultat de la gestion catastrophique du mouvement de grève de l'année dernière ». Hier en fin d'après-midi, une délégation, représentant les étudiants, était encore en négociations avec les responsables de la faculté, avons-nous appris auprès du secrétariat de celle-ci. La rectrice, Mme Kesri, nous dira que « les délibérations sont du ressort exclusif des jurés qui sont souverains » et rappelle que « le rachat est une faveur et non un droit ». « Nous n'avons pas le droit de nous mêler de tout cela et nous laissons à l'enseignant toutes ses prérogatives », a-t-elle affirmé. Quant à la note éliminatoire, « elle est arrêtée dans les textes fixant la progression et l'évaluation de l'étudiant », ajoute-t-elle. Pour réfuter l'argument de la grève de l'année dernière, elle « assure que le taux de réussite est totalement similaire à celui des années précédentes ». L. M., K. O.