Tout le monde s'accorde à reconnaître qu'après une semaine, la campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain est toujours morne, sans relief d'est en ouest et du nord au sud du pays. Jusqu'à la très officielle agence de presse APS qui admet, une fois n'est pas coutume, qu'elle n'a été que «faiblement mobilisatrice». Une expression savamment tournée pour ne pas dire qu'elle a été tout simplement «boudée» par les citoyens, qui ne prennent même pas le temps de consulter les affiches électorales quand elles n'ont pas été arrachées des panneaux installés dans les rues et sur les places publiques, ou remplacées par des sacs poubelles, illustration de l'idée que se fait la vox populi et une réponse à ceux qui sollicitent les «voix du peuple». Une volonté aussi de ne plus paraître comme d'incorrigibles naïfs qui croient encore au jeu électoral biaisé, dévoyé par le recours systématique à la fraude par un pouvoir autoritaire, ressenti par la plupart des Algériens comme une mascarade, maintes fois répétée, tant pour les présidentielles successives depuis les années 1990 que pour les scrutins locaux et nationaux. Cette démobilisation des citoyens n'est que l'expression du discrédit à l'égard du régime actuel et de ses affidés. Tous les procédés utilisés, notamment par les médias officiels et ceux proches du pouvoir, n'ont pu compenser cette défection constatée lors de la première semaine de campagne. Le phénomène est sans doute, cette fois, d'une ampleur inégalée que la crainte d'une abstention massive commence à tarauder les esprits des maîtres d'œuvre de cette opération et tous ceux qui se prêtent au jeu. Tant et si bien que les uns comme les autres ont senti la nécessité d'aller à la «chasse aux voix», il faut aller «à la chasse aux électeurs» et essayer de convaincre le plus grand nombre d'Algériens de se rendre aux urnes le 4 mai prochain. Si ceux-ci ont depuis le début déserté les espaces publics, ils sont par contre présents, de manière significative et des plus actives, sur internet, où ils s'en donnent à cœur joie pour tourner en dérision ce théâtre d'ombres chinoises auquel le régime veut les reléguer au rang de simples spectateurs. Une façon pour eux aussi de rejeter ce peu de considération dont ils font l'objet de la part d'un pouvoir autoritaire qui s'évertue à s'ériger en tuteur à l'égard de citoyens auxquels il refuse, encore en 2017, les droits les plus élémentaires, comme celui de pouvoir manifester pacifiquement dans la capitale par exemple ou de s'exprimer politiquement sur la Toile, sans compter les restrictions à s'organiser de façon autonome et indépendante au sein de la société civile.