Les habitants de la cité Emir Abdelkader (ex-Faubourg Lamy) ne cherchent pas trop de mots pour décrire l'état de déliquescence dans lequel se trouve leur environnement. Traversé à partir du boulevard de l'ALN ou du chemin du CHU, le site offre les allures d'un champ de manœuvres. Depuis les bâtisses situées dans la partie basse jusqu'aux immeubles dont la construction remonte à 1958, les trottoirs ont plutôt tendance à disparaître. Il a fallu que les citoyens s'organisent pour aménager leur quartier avant même que la wilaya n'annonce son programme pour l'aménagement de 52 sites dans la ville. Les résidants, ne sachant pas s'ils seront touchés par cette opération, ont déjà commencé avec des moyens insignifiants, par créer des espaces verts et des trottoirs, avec des carrelages récupérés au niveau des dépôts de l'APC. Ne voyant rien venir de la municipalité ni du secteur urbain d'El Kantara, les riverains ont fait un premier pas, mais ils demeurent toujours impuissants face à des points noirs qui marquent encore leur cité. Ils évoquent en premier lieu le regard branché à la conduite d'évacuation des eaux pluviales, situé en contrebas des trois bâtiments et qui se trouve bouché depuis des années. Un grand « lac » s'y forme à chaque chute de pluies avec des désagréments indescriptibles durant la période estivale. A la place des sites des ex-bidonvilles Gance, Lentini et Tennoudji, évacués depuis trois ans, sont nées des décharges sauvages que des camionneurs viennent chaque jour agrandir en toute impunité. Les feux allumés et la pollution de l'air qui en résulte empoisonnent le quotidien des habitants qui, en dépit de toutes les plaintes, n'ont rien vu venir. La route en nette dégradation qui mène vers la cité du côté supérieur n'a pas été entretenue depuis des années, bien que très fréquentée. « On n'a réhabilité que le tronçon qui passe à proximité du cimetière israélite pour des raisons connues par le commun des Constantinois pour oublier tout le reste », rappelle un membre du comité du quartier. Le reste se résume à une mosquée sans conduite d'évacuation des eaux usées, des immeubles à l'aspect hideux où les locataires continuent encore à ramener l'eau des citernes et payer les factures forfaitaires de l'Algérienne des eaux.