Sous une tignasse légèrement peignée, Mahmoud Guemmama, doyen des députés de Tamanrasset où il s'est porté candidat pour la 5e fois consécutive aux élections législatives sous son habituelle casquette FLN, s'est toujours présenté comme étant l'homme qui détient le savoir de passer de l'administration des choses au gouvernement des hommes. Avec une moustache épointée qui cache à peine ses lèvres, il s'est forgé la réputation de transformer une somme d'individus en peuple qui lui reconnaît rectitude et fidélité au plus vieux parti algérien. De l'ALN au FLN, Mahmoud Guemmama, Khouden pour les intimes, s'est teint d'une seule couleur politique, lui conférant au fil des années cette ambition d'incarner le destin de la population de l'Ahaggar. De simple membre de la kasma (1972-1980) au comité central du FLN, (depuis 1990) en passant par la mouhafadha de Tamanrasset où il est toujours secrétaire général, Mahmoud ne souhaite qu'une seule chose : «Une épitaphe portant le sigle du FLN sur sa tombe» en signe de loyauté au parti qui lui a permis de se faire un nom politique, mais aussi de construire un royaume pour s'y introniser plus d'un quart de siècle durant. Né en 1946 à Tamanrasset, Mahmoud Guemmama dit avoir eu l'honneur d'être le plus jeune soldat de l'ALN à avoir hissé l'emblème national dans l'Ahaggar à l'ère de l'Algérie indépendante. Ses 15 ans à peine entamés, il a été incorporé pour servir le commandement du front du Sud aux côtés des vaillants combattants de cette wilaya du Grand Sud, dont Ahmed Draya, Abdellah Belhouchet, Mohamed Cherif Messadia et Abdelkader El Mali. Après l'indépendance, il rejoint le corps de la sûreté nationale (1964-1966) à Sidi Bel Abbès, avant d'être affecté à Tamanrasset pour y occuper le poste de responsable de la sécurité militaire (1967-1971) et en rajouter une couche à sa ferveur nationaliste. Evoquant les prochaines élections et le climat de la campagne animée par une vingtaine de rivaux, Khouden se montre serein. Le visage marqué par le poids des années de militantisme politique le trahit toutefois. De temps à autre, un tic fait brusquement remonter ses pommettes et ses yeux clignent comme pour signifier l'attitude d'une bête qui craint bien des surprises. Néanmoins, il fait entièrement confiance aux membres locaux de la Haute instance indépendante de surveillance des élections. «L'Algérie s'apprête à vivre une transition historique dans les annales des élections. Toutes les dispositions sont prises pour que les législatives se déroulent dans la transparence et la démocratie.» C'est son langage de toutes les circonstances ponctué d'appels liés à la préservation de l'intégrité et l'unité nationales ainsi que la stabilité sécuritaire dans cette immense partie du Sud livrée aux aléas d'un voisinage en crise. Son embonpoint et sa corpulence enveloppée dans un basané trois pièces expliquent un peu sa quiétude et la certitude d'une victoire écrasante aux législatives du 4 mai. «Nous avons toujours honoré nos engagements vis-à-vis de nos citoyens. Beaucoup de projets ont été réalisés dans cette wilaya et nous comptons faire mieux en prenant en charge les préoccupations notées par nos bureaux et kasmas qui comptent plus de 15 000 adhérents», se targue-t-il en invitant les jeunes à faire leur choix le jour J afin de couper l'herbe sous le pied des «abstentionnistes». L'ex-vice-président de l'APN (2001-2002) et directeur de la campagne électorale du président Abdelaziz Bouteflika en 1999, 2009 et 2014, revient longuement sur les réalisations durant ses 20 ans de députation, notamment sur le plan des infrastructures de base. Le président de la commission nationale des transports, de la poste et des technologies de communication auprès de l'APN (2012-2013) se met d'ores et déjà dans la peau des victorieux et rassure que les projets destinés à Tamanrasset seront prochainement lancés. Mahmoud Guemmama n'a pas tari d'éloges sur l'Armée nationale populaire du fait qu'elle est, a-t-il corroboré, garante de la sécurité de cette wilaya promise à mille et un maux. Avant de conclure, il a lancé un message aux candidats en les invitant à respecter le régime électoral et à l'adoption des discours fédérateurs et non séparatistes pour édifier le Tamanrasset de demain.