La Journée internationale de solidarité avec les prisonniers palestiniens, célébrée le 17 avril, est marquée cette année par une grève de la faim massive, entamée hier dans les geôles israéliennes par plus d'un millier de détenus qui réclament notamment la fin des conditions de détention insupportables et illégales et dénoncent «un apartheid judiciaire». Près de 1500 Palestiniens dans les prisons israéliennes ont entamé hier une grève illimitée de la faim pour protester contre les mauvaises conditions de leur détention. Ce mouvement, lancé sous le slogan de «Grève de la liberté et de la dignité», a coïncidé avec la Journée internationale de solidarité avec les prisonniers palestiniens, célébrée le 17 avril de chaque année depuis 1974. Il est mené par les prisonniers du Fatah, dont le haut représentant n'est autre que Marwan Al Barghouti, membre du comité central et dirigeant influent du mouvement malgré sa présence en prison depuis le 14 avril 2002. La grève de la faim vise à «mettre fin aux abus» de l'administration pénitentiaire israélienne, a expliqué l'initiateur de ce mouvement, Marwan Al Barghouti, dans une tribune envoyée au quotidien New York Times depuis sa prison de Hadarim, en Israël. Il a été condamné par les autorités israéliennes cinq fois à perpétuité pour ses activités au cours de l'Intifadha d'El Aqsa, déclenchée en septembre 2000. Les deux plus anciens prisonniers palestiniens, Karim Younes et Maher Younes, détenus depuis 1983, sont parmi les grévistes, en plus de Diya Al Agha, qui a été embastillé avant la signature des Accords d'Oslo en 1993. N'était la division qui touche les rangs des Palestiniens, ce mouvement aurait été plus important. Mais il n'est pas exclu que les prisonniers appartenant au mouvement Hamas se joignent à l'action. La lutte continue Pour arrêter le mouvement de grève, Al Barghouti, principal meneur de la grève illimitée de la faim, a posé 13 conditions (dont deux ne sont pas négociables) aux autorités pénitentiaires israéliennes. Les prisonniers palestiniens attendent d'elles qu'elles améliorent leurs conditions de détention, installent un téléphone public dans les cellules et leur accordent le droit de visite. Le militant du Fatah a indiqué qu'aucune négociation n'a pour le moment été lancée avec les autorités pénitentiaires israéliennes. Les autorités israéliennes, représentées par le ministre de la Sécurité intérieure, ont déjà fait savoir que leur politique est de ne pas négocier avec les prisonniers. Elles ont indiqué aussi qu'elles allaient prendre des mesures adéquates pour arrêter la grève. Certaines ont déjà commencé. Les autorités pénitentiaires israéliennes ont fait changer le lieu de détention des meneurs, confisqué des biens de prisonniers en grève, transformé des cellules en cellules d'isolement et pris d'autres mesures tendant à réprimer le mouvement de grève des prisonniers. Le président palestinien et chef du Fatah, Mahmoud Abbas, a adressé ses encouragements aux prisonniers et salué leur grand courage. Il a affirmé la poursuite des efforts visant leur libération pour mettre un terme à leurs souffrances. Le président Abbas a, par ailleurs, appelé la communauté internationale à intervenir rapidement pour sauver la vie des prisonniers, après avoir mis en garde quant à une aggravation de la situation à cause de l'intransigeance du gouvernement israélien et de son refus à répondre aux doléances des prisonniers. Répression sauvage Des doléances qui, a-t-il dit, sont conformes aux textes des accords et conventions internationaux, en particulier la 4e convention de Genève. Sur le terrain, particulièrement en Cisjordanie occupée, des milliers de Palestiniens sont sortis dans plusieurs villes et localités manifester leur «soutien indéfectible» aux prisonniers et à la lutte qu'ils mènent contre leurs geôliers. La plus grande manifestation populaire s'est déroulée à Ramallah. Des ministres du gouvernement, des membres du comité central du Fatah et d'autres du Conseil législatif palestinien étaient parmi les milliers de manifestants qui arboraient des drapeaux palestiniens et des photos de prisonniers. Ce n'était que le premier jour d'une bataille qui s'annonce longue et rude. De leur côté, les prisonniers se disent décidés à mener leur combat jusqu'au bout, quels que soient les sacrifices qu'ils doivent consentir.