La journée internationale de solidarité avec les prisonniers palestiniens, célébrée le 17 avril, est marquée cette année par une grève de la faim massive, entamée lundi dans les geôles israéliennes, par plus d'un millier de détenus qui réclament notamment la fin des conditions de détention insupportables et illégales et dénoncent "un apartheid judiciaire". A l'occasion de cette journée célébrée chaque année depuis plus de 40 ans, environ 1.300 détenus palestiniens ont commencé lundi matin leur grève de la faim illimitée dans le cadre de ce mouvement collectif sans précédent, lancé par le parti Fatah et dirigé par l'un des plus emblématiques prisonniers Marwan Barghouthi, auquel se joindront des centaines de détenus de tous partis. Ce chiffre (1.300) "pourrait augmenter dans les heures à venir", a déclaré, dans ce sens, Issa Qaraqee, chargé de la question des prisonniers au sein de l'Autorité palestinienne. "Selon les informations dont nous disposons pour le moment, 1.500 prisonniers refusent de se nourrir", a précisé de son côté Amani Sarahneh, porte-parole du Club des prisonniers palestiniens. La grève de la faim vise à "mettre fin aux abus" de l'administration pénitentiaire israélienne, a expliqué l'initiateur de ce mouvement, Marwan Barghouthi, dans une tribune envoyée au quotidien New York Times depuis sa prison de Hadarim (en Israël) où il est condamné à la perpétuité. "Les prisonniers palestiniens souffrent de torture, de traitements dégradants et inhumains et de négligence médicale, certains ont été tués en détention", a dénoncé Barghouti, qui avait été un des animateurs les plus emblématiques du soulèvement contre l'occupant israélien entre 2000 et 2005. Il a, en outre, dénoncé "un apartheid judiciaire qui garantit une impunité pour les Israéliens ayant commis des crimes contre des Palestiniens et criminalise la résistance palestinienne". Le mouvement de grève, "un test" pour l'occupant Depuis 1967 et l'occupation par l'armée israélienne des Territoires palestiniens, plus de 850.000 Palestiniens ont été emprisonnés par Israël. Ces dernières années, plusieurs détenus se sont lancés dans des grèves de la faim individuelles pour protester contre leur détention arbitraire. Pour eux, la seule arme est la grève de la faim, ils en ont mené de nombreuses au fil des décennies d'occupation, certaines très longues, beaucoup d'entre elles victorieuses. Parmi les 6.500 Palestiniens actuellement détenus dans les prisons israéliennes, figurent 62 femmes et 300 mineurs (garçons et filles). Environ 500 d'entre eux sont sous le régime extra-judiciaire de la détention administrative qui permet une incarcération sans procès ni inculpation. Treize députés palestiniens sont aussi emprisonnés, selon des chiffres officiels.. Cette fois-ci, pour la première fois depuis des années, il a été décidé d'un mouvement collectif, qui pourrait être "un test" pour l'occupant israélien et qui constitue "une réponse aux violations incessantes des droits fondamentaux des prisonniers qui sont mal traités", prévenait il y a quelques jours Qaddoura Farès, qui dirige le Club des prisonniers palestiniens, l'ONG qui fait autorité dans les Territoires occupés sur la question des détenus. M. Issa Qaraqe et M.Qaddoura Fares indiquent que cette grève de la faim inédite constituera "un nouveau départ et un changement stratégique dans la vie et l'histoire du mouvement des prisonniers. Cela leur donnera une reconnaissance de leur rôle national et une légitimité face aux attaques et lois israéliennes arbitraires contre les droits des prisonniers". Cette action, précisent-ils, a pour but aussi "de renforcer le travail collectif et l'unité nationale, à l'intérieur comme à l'extérieur des prisons et de redonner au mouvement prisonnier sa dignité, sa combativité et sa résistance", étant donné que les négociations entamées avec l'administration pénitentiaire sur le respect des droits et de la dignité des détenus, conformément au droit international et aux conventions de Genève, sont au point mort. Revendications médicales et humanitaires des prisonniers La Journée des prisonniers palestiniens permet de mettre à nu les exactions auxquelles se livre l`occupation israélienne au mépris des lois et valeurs universelles, en autorisant toutes sortes de violations à l`encontre des détenus, notamment la torture, l`alimentation forcée et l`arrestation d`enfants. Saisissant une nouvelle fois cette occasion, les prisonniers réclament la fermeture "du soi-disant hôpital de la prison de Ramleh, structure inadaptée et incapable de donner le minimum de soins nécessaires", l'instauration des examens médicaux périodiques aux prisonniers, selon un communiqué de l'Association du club des prisonniers. Ils exigent aussi l'entrée des médecins de différentes spécialités pour inspecter les prisonniers, la libération des prisonniers malades, en particulier les personnes handicapées et celles atteintes de maladies incurables. S'agissant des revendications humanitaires, les prisonniers réclament, outre la réorganisation des points de passage, un traitement humain lors des transferts, le rapatriement rapide des prisonniers de retour des cliniques ou des tribunaux, et de ne pas les retenir au niveau des points de passage. En outre, les prisonniers revendiquent le respect du droit à des visites familiales, comme ils réclament la fin de la politique de l'isolement et de la détention administrative. Par ailleurs, la présidence palestinienne a appelé les autorités d'occupation israéliennes à répondre à ces demandes pour "la liberté et la dignité des prisonniers". En revanche, les autorités israéliennes auraient déjà fait savoir qu'elles ne cèderaient pas et que les grévistes paieraient le prix de leur mouvement. On craint l'alimentation forcée des prisonniers et de violentes représailles. Outre la grève de la faim, des milliers de Palestiniens ont défilé dans différentes villes de Cisjordanie occupée et de la bande de Ghaza, à l'appel d'ONG, des différents partis et du gouvernement palestiniens, à l'occasion de la journée internationale des prisonniers palestiniens, selon des médias.