Des milliers d'automobilistes ont passé hier une journée infernale sur la route reliant Alger à Tizi Ouzou. Cet important axe routier a été fermé durant toute la journée à hauteur de Naciria, à 40 km à l'est de Boumerdès, par des dizaines de villageois réclamant le redémarrage des projets devant alimenter leurs localités en gaz naturel. Décriée par certains mais soutenue par d'autres, cette action a été entreprise suite au mépris dont ont fait preuve les responsables de la wilaya pour satisfaire la revendication des manifestants. Comme à l'accoutumée, ce sont les automobilistes qui en ont fait les frais, eux qui ont été bloqués dans d'immenses embouteillages des heures durant. «C'est injuste ce que vous nous faites subir. Allez réclamer vos droits auprès des responsables. Qu'est-ce qu'on vous a fait pour nous empêcher de passer. Ce genre d'action ne pénalise que les pauvres citoyens. Imaginons qu'il y ait parmi les passagers des malades graves qui s'apprêtent à rejoindre l'hôpital. Allez-vous les laisser mourir dans l'encombrement ?», s'écrie un jeune au volant d'un fourgon frigorifique. «On s'excuse. On est très sensibles à votre complainte, mais on n'a pas le choix. On a tout essayé, on n'a eu que des promesses. Quand on a affaire à un pouvoir voyou, on est obligés de nous comporter en voyous», rétorque un manifestant gentiment. Intraitables, les villageois n'ont laissé passer aucun véhicule depuis 9h. Même les forces de l'ANP ont été obligées de rebrousser chemin. Comme il fallait s'y attendre, des bagarres ont failli éclater çà et là entre des manifestants et des passagers. «Si vous les aviez menacés (les responsables, ndlr) de boycotter le vote, ils auraient réglé votre problème en une journée», lance un autre automobiliste en direction des contestataires. Ni le chef de la daïra, ni les élus locaux, ni le député de la région et encore moins les responsables des structures locales de sécurité n'ont daigné prendre langue avec les manifestants pour tenter de les convaincre de rouvrir la route à la circulation. Le mépris des autorités était total et n'a fait qu'accentuer la colère des villageois. Il a fallu attendre l'arrivée, vers 15h, de l'adjoint du chef de sûreté de la wilaya pour que la situation revienne à la normale. Fait inédit, c'est lui qui s'est porté garant pour régler le problème des manifestants, alors que sa mission principale est de veiller à la sécurité des biens et des personnes. Après moult tractations, il a été convenu que les représentants des villageois soient reçus demain par le wali. Mais ces derniers semblent décidés à aller jusqu'au bout, précisant que si rien n'est fait pour redémarrer les chantiers du gaz, bloqués depuis 2015, ils n'hésiteront pas à réinvestir la rue à nouveau.