Le panel de personnalités africaines, formé d'experts, dont d'anciens ministres, dirigé par la Sénégalaise Marie Angélique Savane, a séjourné à Oran pour une journée de travail. La mission algérienne de ce mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP), unique en son genre, a débuté il y a plus d'une année et la présidente de la délégation a déjà séjourné en Algérie et à Oran en particulier. Dans son discours prononcé hier à la wilaya, elle a rappelé le fait et a expliqué qu'à l'époque, il s'agissait de présenter et laisser travailler la commission nationale de bonne gouvernance (installée en juillet 2005) pour une phase d'autoévaluation purement algérienne, mais selon les critères du MAEP (questionnaire spécifique), et qu'elle était venue en soutien à cette structure. « Aujourd'hui, dit-elle, nous sommes revenus pour un examen du pays, pour vérifier ce qui a été fait et voir la réalité des choses en interviewant des universitaires, les gens des médias, les parlementaires, les associations de femmes, les jeunes, les handicapés, les agents administratifs, bref toutes les composantes de la société, mais aussi pour voir quelles sont les recommandations qui ont été avancées. » Elle a ensuite rapporté ce que le président de la République a dit à ce sujet : « Je voudrais que vous mettiez le doigt là où cela fait mal, mais en prenant en considération notre réalité et notre histoire. » Elus, cadres administratifs, représentants d'associations, de chambres de commerce... ont été conviés, ensuite, à choisir de participer dans l'un ou plusieurs des quatre ateliers devant être organisés le jour même. Les thèmes retenus étaient : la gouvernance politique et la démocratie, la gouvernance économique, la gouvernance d'entreprise et le développement socioéconomique. Ces ateliers devaient être animés respectivement par Robert Dossou, ancien ministre des Affaires étrangères du Bénin, Mamadou Lamin Loum, ancien Premier ministre du Sénégal, Karim Benkehla de Tunisie et Mbaya J. Kankwenda, ancien ministre de la RD du Congo. A titre indicatif, le premier thème accorde une importance primordiale pour les instruments de défense des droits de l'homme et énumère plusieurs objectifs, dont la gestion des conflits (et leur prévention) internes et externes, la démocratie constitutionnelle et l'Etat de droit, les droits économiques sociaux et culturels, la séparation des pouvoirs, l'administration publique, la lutte contre la corruption, le droit de la femme, le droit de l'enfant, etc. Lors d'une entrevue avec la presse, Mme Savane a, notamment, expliqué la mission du MAEP. Celui-ci consiste à établir un rapport qui sera présenté en même temps que celui du gouvernement du pays concerné lors du prochain sommet de l'UA qui aura lieu en juillet 2007. Le contenu de ce rapport sera débattu et, précise-t-elle, si un Président n'est pas convaincu par un point quelconque, il sera soumis au débat et ses pairs peuvent accepter ou pas l'argument du Président, en vérifiant, par exemple, s'il n'est pas motivé par sa personne, par des considérations idéologiques, etc. En cas de mésentente, le point en question sera débattu à huis clos et les pairs vont entrer en scène pour essayer de convaincre ou aider le chef d'Etat en question à prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation. Elle ajoutera qu'un pays peut servir de modèle à d'autres s'il remplit les critères de bonne gouvernance. Pour l'heure, sur 25 pays signataires de cette démarche, 4 (le Ghana, le Rwanda, le Kenya et l'Afrique du Sud) ont déjà été évalués par leurs pairs. Eradiquer la pauvreté, garantir l'égalité des genres, l'accès aux soins et aux technologies nouvelles, privilégier les solutions politiques sont quelques-unes des préoccupations que le continent africain compte prendre en considération.