Mme Marie Angélique Savane, qui supervise la mission d'appui du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP), a séjourné hier à Oran pour une rencontre décentralisée de ce dispositif mis en place pour améliorer concrètement les aspects liés à la gouvernance dans le continent africain, du moins pour les pays qui ont souscrit à cette initiative proposée par les leaders africains dans le cadre de la mise en œuvre du NEPAD et adoptée lors du 1er sommet de l'Union Africaine à Durban (Afrique du Sud) en juillet 2003. Conformément au programme de cette mission qui prévoit des interventions dans chaque pays, Mme Savane devait appuyer la commission nationale algérienne installée à cet effet en juillet dernier et qui devait entamer une phase de rencontres avec la société civile, les autorités locales et se rapprocher de la population de manière générale. Dans son intervention, elle devait donc d'abord expliquer l'ensemble de la démarche du MAEP avant de passer aux adhésions, garantes d'une participation active à l'auto évaluation et pouvant donner une crédibilité aux résultats présentés. La spécialiste sénégalaise a souligné, dans un premier temps, l'importance de l'adhésion volontaire des pays concernés (ils sont 24 à l'étape actuelle) montrant ainsi un esprit de civilité et leur « disponibilité à accepter, fait inédit, qu'un pays puisse avoir un regard sur la gouvernance des autres. » Partant du principe que les sanctions n'ont pas réglé les problèmes, le MAEP privilégie le dialogue dans la civilité pour régler les problèmes qui se posent à l'Afrique. La démarche consiste à prendre en considération les flux intérieurs au continent pour dépasser le conditionnement historique qui fait qu'on se tourne vers les anciennes puissances coloniales où vers les multinationales. « Les leaders africains, plutôt que de se soumettre à l'Institution de Breton Wood, ont voulu prendre le taureau par les cornes et balayer devant leurs portes », devait-elle expliquer en insistant sur le fait que cet instrument sert aussi à mesurer la capacité de l'Afrique à se positionner culturellement face au phénomène de la mondialisation. Institutions partenaires Le MAEP est concerné par quatre structures. D'abord le Forum de l'Evaluation Africaine par les Pairs (FAEP), instance suprême de décision constituée par un comité de chefs d'Etat et de gouvernements des pays participants. Vient ensuite le panel de personnalités indépendantes choisies pour leur compétence et leur engagement. Puis les équipes d'évaluation des pays, appuyées par des institutions partenaires : la communauté économique africaine (CEA), la banque africaine de développement (BAD) et l'UA pour les aspects purement politiques. Enfin, le MAEP s'est doté d'un secrétariat basé en Afrique du Sud et qui représente l'unité d'appui technique et de coordination. Les cadres politiques dirigeants du mécanisme sont au nombre de 7 et, pour l'Afrique du Nord, cette tâche est confiée à Mohamed Babes qui est venu remplacer Medelci Mourad lorsque celui-ci a été appelé à occuper des fonctions gouvernementales. Le panel tient compte de 4 thèmes génériques que sont la gouvernance politique et de démocratie, la gouvernance économique, la gouvernance des entreprises et le développement socioéconomique. Dans une première phase, un questionnaire standard mais très élaboré est soumis au pays concerné, ce qui représente, selon Mme Savane, un consensus minimal pour une auto évaluation avant d'entamer le plan d'action tenant compte des chiffres détaillés, des priorités, la maîtrise des coûts etc. Mme Savane est venu justement appuyer la commission nationale (installée officiellement en mars dernier) qui elle-même tentera de récolter un maximum d'adhésions au sein de la société civile. Si la parité (genre) est respectée, la commission, par la voix de Mme Fatima, a souhaité une plus ample représentativité des jeunes. A Oran, la liste des futurs adhérents (directeurs de l'exécutif, élus locaux, représentants d'ONG comme le Croissant Rouge, universitaires, membres de la chambre de commerce et d'industrie, etc.) est très longue. « Espérons que ces signatures apposées ne deviennent pas de simples actes de présence à la rencontre », devait cependant faire remarquer la représentante de la commission nationale. Celle-ci était accompagnée par un représentant de ce qui est appelé le point focal, M. Merouane, représentant de l'instance ministérielle chargée des affaires maghrébines et africaines. L'équipe d'évaluation entre en scène dans une seconde phase. Le protocole d'accord signé par les pays participants prévoit un accès à l'information et à la documentation des équipes d'évaluation indépendantes. Une fois le programme est établi, un forum des chefs d'Etat est convoqué pour tenter de mettre en œuvre le plan d'action qui sera pris en charge officiellement par le gouvernement. Le Ghana et le Rwanda ont déjà pris en charge des plans d'action impulsés par ce mécanisme. Ceux de L'Algérie, du Kenya, des Iles Maurice, du Nigeria, de l'Ouganda sont en cours.