Qu'il pleuve des satisfecit ou qu'il vente des critiques acerbes, l'évaluation de la gouvernance algérienne relève désormais aussi du Mécanisme africain de l'évaluation par les pairs (MAEP). Organisme créé par le Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD) en 2002 à Durban en Afrique du Sud, cette structure, dont une mission composée d'éminentes personnalités parmi lesquelles d'anciens ministres et premiers ministres, d'avocats et de professeurs agrégés séjourne à Alger depuis deux jours, vise à faire le “suivi de l'autoévaluation de la Commission nationale de gouvernance (CNG)”. Présidée par Mme Karadja, la CNG est chargée d'élaborer un rapport sur la gouvernance algérienne, qui sera confronté à un contre rapport du MAEP dont la rédaction se fera à l'issue de la mission en Algérie qui durera plusieurs semaines. “Cette mission est le temps fort du MAEP (…) Nous venons pour voir quelles sont les lacunes, les difficultés et trouver le consensus entre les divers acteurs (gouvernement, société civile, patrons…). Nous discuterons également du plan d'action”, a indiqué hier à Alger Mme Marie Angélique Savané, membre du panel des éminentes personnalités, lors d'une conférence de presse tenue en début de soirée à Djenane El Mithak. Même si elle concède, eu égard à l'inexpérience, à quelques difficultés en raison de la complexité de certaines contingences politiques, Mme Savané a loué toutefois Mme Karadja pour le travail qu'elle a accompli à la tête de la commission algérienne. Au cours de son séjour en Algérie, la mission du MAEP rencontrera de nombreuses institutions, beaucoup d'acteurs économiques et se rendra également dans plusieurs wilayas. “C'est pour comprendre toute la complexité de la situation”, a précisé Mme Savané. Une fois la mission achevée, le panel rédigera son propre rapport et donnera des recommandations que le pays est tenu de prendre en compte lors de la présentation de son évaluation devant le forum des chefs d'Etat en juin 2007. “Au bout de deux ans, nous reviendrons pour voir si le pays est sérieux et s'il applique les recommandations”, a-t-elle ajouté. Y a-t-il des sanctions à l'égard des pays réfractaires ? “La résolution est volontaire, et les pays ont signé un mémorandum d'entente sur la démocratie et la bonne gouvernance”, a rappelé en substance Mme Savané. “Notre rapport est public et nous n'avons pas besoin de sanction”. Condensé de critères sous forme de questionnaires soumis au pays, l'évaluation par le MAEP vise notamment à partager les bonnes pratiques de gouvernance à travers le continent africain et notamment les pays ayant adhéré à ce mécanisme. KARIM KEBIR