Il travaille actuellement sur le prototype d'un nouveau fauteuil roulant électrique. « Le projet est à 80% d'achèvement et son éventuelle mise sur le marché national bénéficiera surtout à la frange de handicapés moteurs qui pourront disposer d'un moyen de locomotion performant et à des prix concurrentiels par rapport aux fauteuils importés », avance Bouaziz Brahim avec autant de force de conviction que d'humilité. Père de huit enfants, ce chercheur polytechnicien garde comme un « réflexe national » une fierté bien algérienne, avec cependant un brin de timidité à fleur de peau. Pourtant, cet ancien cadre de la wilaya, aujourd'hui à la retraite, n'a pas les neurones en panne et les démangeaisons créatrices ne cessent de l'éprendre. En 1990 déjà, il annonce le ton et bouscule son monde à l'école nationale polytechnique d'El Harrach en présentant un projet révolutionnaire : un nouveau prototype d'une carrosserie automobile. Projet qui sera vite agréé par le conseil scientifique mais qui ne sera jamais concrétisé par manque de subventions. M. Bouaziz n'en fera pas cas et continuera avec ses maigres moyens d'innover. Il revient vite à la charge dans un domaine qu'il maîtrise à merveille : la mécanique automobile. Il invente un volant de direction multicommande dans le domaine de l'électricité qu'il proposera à l'ENMTP. Ce sera sans suite, puisque l'importation soutenue aura raison de lui. Il persévère et parvient à proposer le nouveau prototype d'un vide carter totalement révolutionnaire. La maison Peugeot s'y intéresse de très près, mais M. Bouaziz refuse de divulguer les spécifications techniques de son invention. Pourquoi ? « Je n'avais aucune garantie et j'avais peur de voir mon projet planer. Je cherchais beaucoup plus un investisseur local pour mener à terme cette invention », confiera-t-il. Les fourmillements créateurs mèneront par la suite notre concepteur à se faire entendre. « J'ai inventé un inverseur de vitesse pour les tricycles à moteur pour handicapés. C'est un dispositif qui sert à agencer ces engins de l'option motrice de la marche arrière qui n'existe sur aucun tricycle de ce genre. J'ai d'abord pensé à breveter le prototype auprès de l'institut national de la propriété industrielle. Je l'ai proposé par la suite au complexe Cygma de Guelma qui a montré une grande disponibilité et nous sommes parvenus à nous entendre. Je me suis désisté du brevet à leur profit. En contrepartie, ils ont accepté de m'allouer une subvention annuelle pour me permettre de poursuivre mes recherches sur une période qui s'étale sur cinq années. » Ce dernier né est actuellement en phase de concrétisation et les handicapés moteurs auront certainement à remercier Bouaziz à chaque fois qu'ils procéderont à une marche arrière. Aujourd'hui, l'appétit innovateur de Bouaziz va crescendo. De l'option mécanique, il verse carrément dans le high-tech avec son dernier bébé : un clavier digital numérique recto verso. Rien que ça ! Le principe ? En plus du fait que le clavier de Bouaziz sert conventionnellement à taper des lettres qui s'afficheront sur le moniteur de tout PC, il permet d'éviter les confusions de transcriptions. Il explique : « C'est un clavier unique en son genre. Il dispose de deux faces. L'une porte uniquement les touches des caractères arabes et l'autre les lettres latines. Son apport est beaucoup plus didactique puisqu'il permettra aux initiés d'éviter toutes tracasseries linguistiques. Il servira de moyen d'initiation et de pédagogie. Je viens de le proposer à l'université de Skikda et j'attends encore les suites réservées bien que je serai intéressé par toute autre proposition qui viendrait des constructeurs locaux ou étrangers. » En attendant. M. Bouaziz s'apprête à présenter une thèse de magistère. Comme quoi, on aura beau avoir 57 ans, nous resterons toujours imaginatifs et créateurs si nous sommes de la même trompe de M. Bouaziz…