Il n'y a aucune effervescence, ni rien qui indique que les électeurs oranais tiennent entre leurs mains «le pouvoir» de renouveler leur Assemblée. Après plus d'un mois de morne campagne électorale, alors que nous sommes au jour J du scrutin législatif de 2017, force est de constater qu'à Oran les habitants continuent sur une même constance : celle de n'avoir cure de ce rendez-vous électoral…fut-il «d'une importance capitale» aux dires des dirigeants. Quand on se promène dans les rues, il n'y a aucune effervescence, ni rien qui indique que les électeurs tiennent entre leurs mains «le pouvoir» de renouveler leur Assemblée, et par ricochet changer le devenir du pays. Il y a, au contraire, un sentiment de fatigue générale qui prévaut : on sent que tout un chacun est désabusé, blasé «par cette mascarade» qui se répète tous les 5 ans, sans que rien, en positif, ne change. D'ailleurs, pour ce scrutin, le désintérêt semble être bien plus abyssal qu'il ne l'était en 2012 : car quand on se place dans le contexte de cette année-là, nous étions au sortir des événements dits du Printemps arabe, et dans nombre de pays alentour, les islamistes l'avaient emporté. Cet état de fait donnait aux élections législatives en Algérie une dimension internationale et avait poussé, on s'en rappelle, beaucoup de citoyens à aller voter pour que le scénario qui a prévalu dans beaucoup de pays arabes ne se répète en Algérie. Cela ne semble pas être le cas en 2017, où la donne est tout autre. On relève durant cette campagne un phénomène qui a pris de l'ampleur, celui de l'affichage anarchique. «Oran est déjà bien sale comme ça, ce n'était pas la peine de l'enlaidir davantage», se désole un commerçant de la rue Khemisti. Sur les réseaux sociaux, c'est avec virulence que les critiques fusent : «Doit-on voter pour des gens qui salissent ?» se demandent certains, avec un brin d'ironie. En effet, toute honte bue, des militants de partis politiques en lice pour les législatives, notamment ceux au pouvoir, n'ont rien trouvé de mieux que de placarder anarchiquement leurs affiches de campagne, n'ayant que faire d'amocher le paysage urbain. Pourtant, des panneaux d'affichage ont bel et bien été apposés ici et là. A la rue Larbi Ben M'hidi ou Khemisti, certains immeubles du vieux bâti, alors qu'ils viennent d'être fraîchement rénovés à coups de millions de dinars, des petits malins se sont aussitôt rués pour les dégrader, en collant dessus ces satanées affiches. A Gambetta, un abribus a été «drapé» de fond en comble par les affiches d'un parti, avant que les habitants du quartier, munis d'un karcher, ne décident à «le nettoyer». Il va sans dire que ce phénomène écœure les habitants de la ville et discrédite davantage cette élection qui met en exergue «l'incivisme flagrant de ceux qui prétendent représenter le peuple». Même certains candidats à ces législatives se désolent de ce triste spectacle. «Au lieu de se battre sur le plan des idées, des partis font des pieds et des mains pour avoir le plus de visibilité sur les murs de la ville. Quitte à tout salir. C'est mesquin !» confiera un candidat. Et pour corser le tout, l'affichage anarchique est systématiquement suivi de l'arrachage commis par de jeunes désabusés. D'ailleurs, pour peu qu'on s'attarde à contempler les différents «visages» accolés sur les murs, il y aura toujours un passant pour nous dire : «Ma dirch a3lihoum khouya, ga3 keddabine» (Ndlr, ne te fais pas de bile cher ami, ce sont tous des menteurs !). Notons qu'à Oran, sur les 23 partis politiques existants, 20 sont en lice pour le scrutin d'aujourd'hui. Le corps électoral, dans cette wilaya, compte un peu plus d'un million d'électeurs. Aujourd'hui, ce sont 285 centres de vote et 2261 bureaux de vote qui seront ouverts à travers tout le territoire de la wilaya.