Les partis islamistes perdent du terrain. C'est du moins ce qui ressort des résultats officiels des élections législatives, annoncés hier par le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui. Le score obtenu par ces formations islamistes est en net recul par rapport aux législatives de 2012. L'effort consenti par ces différents partis islamistes pour resserrer les rangs à la faveur de ces élections n'a visiblement pas donné ses fruits. Ainsi, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Abderrazak Makri, qui a fusionné avec le Front du changement (FC) de Abdelmadjid Menasra, n'a obtenu, au niveau national, que 33 sièges, lui qui voulait surclasser le RND d'Ahmed Ouyahia et talonner le FLN de Djamel Ould Abbès. Cette première alliance n'a finalement pas fait mieux que celle de 2012, où le MSP, qui a présenté des listes communes (Alliance de l'Algérie verte) avec le Mouvement pour la réforme nationale (El Islah) et le Mouvement de la renaissance islamique (Ennahda), avait décroché 50 sièges. Cinq ans après son «divorce» avec le gouvernement, le MSP, recomposé, n'a finalement pas pu vendre l'image d'un parti de l'opposition, lui qui excelle depuis sa création par le défunt Mahfoudh Nahnah dans l'art de l'entrisme politique devenu la véritable philosophie du parti. D'ailleurs, avant et pendant la campagne électorale, les cadres du MSP, Abderrazak Makri en tête, ne cessaient d'annoncer leur prédisposition à retourner au gouvernement, si leur parti est gratifié d'un bon score électoral. Mais la «pêche» étant maigre, le MSP cria vite à la fraude électorale. A l'annonce des résultats officiels, M. Makri dénonça, dans un point de presse, «une fraude massive» qui aurait privé son parti de la place qui lui reviendrait de droit. L'autre «bloc» islamiste, sous la férule de Abdellah Djaballah, n'a pas non plus réalisé d'exploit. Cette alliance entre trois formations islamistes Adala, Ennahda et Bina a obtenu 15 sièges, ce qui reste loin des scores obtenus par le parti de Djaballah lors des précédentes législatives. El Islah de Filali Ghouini, qui a décidé de faire cavalier seul, s'est contenté d'un seul siège. Le courant islamiste, représenté par les deux blocs susmentionnés, totalise ainsi 49 sièges. Cela représente une perte de 14 sièges par rapport aux législatives de 2012. Ce bloc islamiste a, de son côté, dénoncé la fraude avant même l'annonce des résultats. Abdellah Djaballah s'est plaint dans la journée de jeudi de «nombreux dépassements» constatés par les représentants de son alliance. Mais ces dépassements suffisent-ils pour expliquer ce recul des partis islamistes ? Assurément pas. Même l'argument de l'émiettement des voix ne tient plus la route, puisque ces partis, contrairement aux précédentes élections, se sont regroupés dans deux grandes alliances. Les formations islamistes semblent ainsi s'essouffler, après la déroute qu'ont connue les révoltes arabes ces dernières années. Elles n'ont plus rien à offrir à leur électorat traditionnel qui tend vers la radicalisation. Et elles ne peuvent plus leurrer les autres électeurs non islamisés. Donner l'image d'un parti islamiste «modéré» et entretenir sa base électorale reste dans un pays comme l'Algérie une équation difficile.