Après avoir constaté que les dattes algériennes, notamment l'excellente Deglet Nour, se conservaient très mal et prenaient une couleur noirâtre rebutante pour les consommateurs nationaux et européens, quelques jours seulement après leur sortie des chambres froides, la direction et la Chambre du commerce et d'industrie (CCI) de Biskra ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps et d'y remédier, afin d'offrir aux consommateurs des dattes de bonne qualité. Croyant au début que ces allégations étaient une pure invention des concurrents pour déprécier la datte algérienne sur les marchés internationaux, les membres de ces institutions ont pu se rendre compte d'eux-mêmes de la véracité des faits sur les étals et présentoirs des marchés et des grandes surfaces de France, d'Allemagne et de Belgique et aussi en se rapprochant des négociants en dattes de Marseille et d'autres villes européennes. Ils sont arrivés à des conclusions sans appel, les dattes algériennes ne supportent pas les longs voyages et leur texture et apparence se modifient trop vite pour être écoulées dans des délais respectables. La défaillance provient des producteurs, conditionneurs et exportateurs, qui recourent en majorité à des techniques de conservation en chambres froides désuètes et inadaptées aux dattes. En accord avec la wilaya à laquelle ils ont soumis leurs remarques quant à la nécessité de rénover et de moderniser les chambres froides et de former des techniciens qualifiés en équipements de froid et de réfrigération, les cadres de la direction et de la Chambre du commerce ont pris attache avec une société allemande spécialisée pour présenter à Biskra les dernières innovations en matière de conservation des produits agricoles et inciter les opérateurs concernés à adopter une nouvelle technologie préservant les dattes de toute altération. Mercredi dernier, des producteurs, conditionneurs et exportateurs de dattes ont été invités à un séminaire d'information organisé à l'hôtel En'nakhil de Hammam Salihine, de Biskra, et animé par des experts français, portant sur les meilleures manières de conserver les dattes. Sadok Kheliel, directeur de la CCI des Zibans, a expliqué aux présents la nécessité d'adapter les chambres froides aux spécificités de la région, mais aussi à celles des dattes requérant, selon des études poussées, des conditions de stockage et de transport spécifiques. «Nos voisins tunisiens et marocains produisent et exportent des dattes vers l'Europe et celles-ci ont des délais de péremption plus importants que les nôtres, parce qu'ils utilisent des techniques de conservation en chambres froides sophistiquées et répondant aux besoins du marché international. Nous devons nous mettre au niveau technologique requis afin de regagner des parts de marché et assurer des débouchés pour la datte algérienne, laquelle est de loin la meilleure au monde, mais qui pâtit encore des défaillances constatées sur la chaîne du froid», a ajouté Abdelmadjid Khobzi, président de la CCI des Ziban. Une technologie qui évolue Estimant que la technologie des chambres froides s'est beaucoup développée ces dernières années, Stéphane Nicolaï, expert en isolation des chambres froides et réfrigération des produits agricoles, a répondu à toutes les interrogations des participants. Il a présenté un exposé sur les températures et les taux d'humidité pour les produits horticoles et les durées de conservation des dattes, les groupes de compatibilité pour le stockage des fruits et des légumes, la sensibilité au froid et à l'éthylène des produits agricoles, la périssabilité et la durée de vie des produits frais, ainsi que sur la réduction des pertes des produits alimentaires sensibles par le recours à des techniques appliquées au préalable. «L'installation et la gestion des chambres froides ne sont pas une mince affaire. Elles doivent être réalisées par des experts et des techniciens de haut niveau. Les dattes peuvent se conserver jusqu'à un an dans des conditions hydrométriques et climatiques de 75% sans aucune altération de leur couleur, qualité et propriétés gustatives et vitaminiques, pourvu que les conditions de stockage et de transport respectent scrupuleusement des critères connus», a-t-il souligné. De son côté, Fréderic Chanay, responsable technique et commercial chez Bitzer France, une société spécialisée dans les équipements frigorifiques, a illustré l'importance d'une bonne chaîne de froid, en rappelant que la France était avec ses 30 000 variétés de fromage, le pays de la réfrigération lui permettant d'offrir aux clients des produits sains et parfaitement conservés. «Je suis certain que l'on peut transposer pour la satisfaction de tout le monde cette technologie de conservation des produits alimentaires à Biskra qui est connue pour l'excellence de ses dattes devant bénéficier d'une bonne ventilation et d'une température convenable pour garder leur qualité», a-t-il confié.