Le cinéaste égyptien Youssef Chahine, élevé vendredi au Caire, à 80 ans, au grade d'officier de la Légion d'honneur, a déclaré se sentir devenir français dès lors qu'il foule le sol de la France. Qu'ils aillent se faire foutre, ceux qui parlent de conflit des civilisations. Il n'y a aucune raison pour opposer ainsi des cultures et des civilisations", a proclamé M. Chahine lors de la remise de cette décoration. Natif d'Alexandrie, du temps de son cosmopolitisme, il a souligné qu'il espérait "être un trait d'union entre les deux rives de la Méditerranée", se disant "Français en France, et super Egyptien en Egypte". "Les Français nous ressemblent beaucoup, à nous, Alexandrins. Ils sont aussi menteurs que nous, ils gesticulent autant que nous, ils sont très proches de nous", a-t-il encore lancé, précisant avoir épousé une Française et avoir été entouré pendant toute sa jeunesse "d'amis et d'amants" français. L'ambassadeur de France au Caire, Philippe Coste, a souligné que Youssef Chahine était, en cette période pré-électorale, un parfait exemple d'admiration consensuelle en France. "Dominique de Villepin comme Jack Lang auraient tous deux souhaité vous remettre cette décoration", lui a-t-il dit en présence d'un grand nombre d'artistes et de professionnels du cinéma égyptien. M. Chahine a rendu hommage au président français Jacques Chirac, qui "dans toute notre correspondance, n'a jamais oublié de me rappeler l'amour du peuple français pour l'Egypte". Le cinéaste, qui a obtenu en 1997 la Palme d'Or du cinquantième anniversaire du festival de Cannes pour l'ensemble de son oeuvre, a fait des études de cinéma à Los Angeles avant d'entamer sa carrière de réalisateur en 1950. Devenu le plus célèbre cinéaste égyptien, opposé au régime du président Hosni Moubarak comme aux islamistes, il a toujours dénoncé la censure et l'intégrisme, qui selon lui n'a cessé de progresser. Il a précisé que parmi ses films les plus personnels figurent "le Destin" (1987), une dénonciation du fanatisme, ainsi que "La Terre" (1969) et "Alexandrie, Pourquoi" (1978), premier volet d'une trilogie autobiographique.