L'élection présidentielle a-t-elle changé le point de vue des Algériens sur la politique ? Quel rôle ont joué les propos d'Emmanuel Macron en Algérie sur les crimes de la colonisation ? «Macron a marqué des points en voulant débarrasser la France de ses fantômes coloniaux». «En France, on a surtout relevé la réaction hostile de certains cercles de pieds-noirs. Mais on a oublié de dire qu'un pan important des enfants d'immigrés a accueilli favorablement ces propos d'Emmanuel». C'est ce qu'affirme dans un entretien récent accordé au quotidien Libération, Benjamin Stora, président de la Cité de l'immigration. Il pousse même la réflexion : «L'arrivée au pouvoir de Macron fait penser, avec toutes les précautions d'usage de refus d'anachronismes, à celle de de Gaulle, lorsqu'il y eut une formidable poussée contre tous les anciens partis de la IVe République, dont la SFIO, ou de la droite classique. De Gaulle a pris le pouvoir sur le refus du clivage droite - gauche, l'idée de réconciliation des Français avec eux-mêmes qui s'appuyait implicitement sur le désir de la paix en Algérie. A l'époque, la guerre avait provoqué une profonde fracture dans la société française.» L'historien estime : «Depuis dix ou quinze ans, immigration et définitions de l'identité mobilisent les esprits en France. Dernièrement, la crise des migrants est venue aggraver les termes du débat. Cette année, le thème de l'immigration n'est pas venu sur le devant de la scène, même s'il ne faut pas oublier que le fonds de commerce principal du Front national (FN) est lié à cette thématique. Le sentiment antimigrants, xénophobe, est encore très présent au FN. C'est d'ailleurs sur ce terrain que Marine Le Pen a perdu le plus de points lors du débat télévisé de l'entre-deux-tours face à Emmanuel Macron. Elle a ‘échoué' à aborder ce sujet.» Il rappelle enfin les résultats des recherches universitaires sociologiques qui estiment : «Les enfants d'immigrés sont aujourd'hui parfaitement intégrés dans la société française. A la différence des années 1980, où les gens venaient frapper à la porte de la cité pour trouver leur place. Aujourd'hui, ils participent, votent, sont entrés dans tous les partis politiques déjà existants sans avoir eu besoin de créer le leur. Certains crient au communautarisme, alors qu'il n'existe pas de parti communautaire ou de groupement séparé des partis traditionnels français.»