Jeudi dernier, les lycéens et les jeunes chômeurs étaient dans la rue contre les deux candidats Alors que Marine Le Pen multiplie les appels du pied à l'adresse du mouvement des Insoumis, son porte-parole Alexi Corbière a très explicitement rétorqué que «pas une voix ne doit aller au FN» dont il a dénoncé le «parler fourbe». L'icône du football français, Zinedine Zidane a déclaré, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a été interpellé sur la campagne électorale, que «le message, c'est toujours le même, celui de 2002. Je suis loin de toutes ces idées-là, de ce Front national. Donc (il faut) éviter au maximum ça. Les extrêmes, ce n'est jamais bon». Cette réponse de l'entraîneur du Réal Madrid a aussitôt été captée par les médias de l'Hexagone qui l'ont abondamment commentée, y voyant un appel explicite à voter en faveur de Emmanuel Macron, l'adversaire de Marine Le Pen, candidate de l'extrême droite. De fait, cette déclaration n'est pas anodine car, en appelant pour la seconde fois, depuis 2002, à faire barrage à l'extrême droite, Zidane qui est né à Marseille de parents algériens, prend de nouveau position dans cette campagne hasardeuse. Les jeunes issus de l'immigration, dans le département des Bouches du Rhône et la région Provence-Côte d'azur se verront sans doute confortés dans leur choix, eu égard au fait que l'extrême droite y a connu un essor considérable durant les 10 dernières années, utilisant la sémantique du discours xénophobe et raciste qui amalgame islam et terrorisme. C'est chose connue, les jeunes des banlieues, marginalisés, stigmatisés, savent parfaitement que le FN reste «un parti qui ne correspond pas du tout aux valeurs de la France» et pour subir au premier plan les affres du chômage, de la chasse au faciès et de plusieurs autres formes de ségrégation, ils n'ont pas vraiment besoin de leçons particulières pour comprendre que l'abstention n'est en aucune façon une attitude productive. Ainsi, tout en étant partie intégrante de la jeunesse de France, la jeunesse issue de l'immigration a une sensibilité particulière qui devrait la conduire tout naturellement à conforter l'option Macron dont elle sait qu'il est sincèrement favorable à une relation d'amitié avec l'Algérie, auquel cas la page de la colonisation, ce fonds de commerce de l'extrême droite et des nostalgiques qui y prolifèrent, sera définitivement tournée. L'extrême droite a incontestablement réussi sa banalisation au point de se permettre d'en appeler aux électeurs du PS et du mouvement des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon, que Marine Le Pen tente de séduire avec un discours sirupeux sur un prétendu patriotisme opposé au «libéral mondialiste Emmanuel Macron, candidat de l'Establishment». Si le soutien au FN d'une partie des électeurs de François Fillon et de Dupont-Aignan ne saurait surprendre, tant la droite aura poussé sa radicalisation jusqu'à l'extrême sous la direction de Nicolas Sarkozy, entre 2009 et 2012, sa progression dans le milieu ouvrier s'est également faite à pas de loup, surtout au détriment du parti communiste floué par son alliance avec le PS depuis la mise en branle du programme commun, en fin de compte pas si commun que cela.Alors que Marine Le Pen multiplie les appels du pied à l'adresse des Insoumis, son porte-parole Alexi Corbière a très explicitement répondu que «pas une voix ne doit aller au FN» dont il a dénoncé le «parler fourbe». La veille, des milliers de lycéens et de jeunes chômeurs ont manifesté, rejetant les deux candidats. Harcelé pour son «manque de clarté» induit par son silence au sujet d'un soutien de la candidature de Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, déjà en phase de combat pour les législatives, a fini par indiquer dans la soirée d'hier qu'il «ira voter, en aucun cas pour l'extrême droite» mais qu' «il ne donnera pas de consigne de vote» à ses électeurs, alors que les commentaires étaient focalisés sur la démission forcée du fraîchement nommé président du FN, le Franco-Libanais Jean-François Jalkh, récusé pour des propos révisionnistes lors d'un entretien publié par La Croix, quelques années auparavant. Autre pavé dans la mare de Marine Le Pen: la déclaration sans ambages du «père fouettard» Jean-Marie Le Pen qui, évoquant l'hommage rendu au policier tué sur les Champs-Elysées, avoue avoir «été très étonné par la dimension donnée à cette cérémonie» à laquelle avaient été invités sa fille, Marine Le Pen et Emmanuel Macron. L'ancien président du FN a eu l'impression «qu'on rendait hommage plutôt qu'au policier à l'homosexuel car la participation de son conjoint et le long discours qu'il a prononcé institutionnalisaient en quelque sorte le mariage homosexuel, l'exaltaient d'une façon publique», ce qui l'a «un peu choqué». Selon lui, cette «particularité familiale doit être tenue à l'écart de ce genre de cérémonie»... Comme Nicolas Dupont-Aignan qui a refusé de prendre position malgré une sympathie avouée pour le programme de l'extrême droite, notamment la sortie de l'Union européenne, Jean-Luc Mélenchon se projette désormais sur les législatives de juin. Un vrai casse-tête pour les deux hommes, comme aussi pour les Républicains, qui doivent prendre position sans démobiliser ni contrarier leurs électeurs, condition sine qua non s'ils veulent constituer une force avec laquelle il faudra compter au sein de la future Assemblée nationale, en juin prochain.