Bonne nouvelle pour les lecteurs et autres férus de bonnes feuilles. Un espace vient de rouvrir. Après plus d'une année et demie de travaux de réfection, l'ex-librairie Dar El Hikma a été étrennée et rebaptisée Le 88. Le 88, désormais une bonne adresse, ayant élu domicile, justement, au 88, rue du Didouche Mourad -siège de l'Union des écrivains algériens-, sous les auspices des éditions Dar El Hikma, au centre-ville, est de bon augure. C'est toujours bon de savoir qu'un espace dédié aux livres, en l'occurrence une librairie, ouvre ou rouvre. Une victoire contre la «gentrification» mercantile, voire «culturicide». Jeudi après-midi, lors de la réouverture, de nombreuses figures du monde de la culture sont venues congratuler, encourager et soutenir de telles initiatives, ces «îlots d'espoir». Notamment, le parrain de cette inauguration et doyen des écrivains, le célèbre Rachid Boudjedra, l'auteur de la Répudiation, L'Escargot entêté, Fis de la haine, Hôtel Saint-Georges ou encore Printemps. En guise d'hommage, un jeune comédien déclamera des extraits issus du recueil intitulé Cinq fragments du désert, paru aux éditions Barzakh. «Le Sahara n'est pas un désert. Nullement. Il y a là des mosquées où des escaliers ne mènent nulle part. Pas même à Dieu. Escaliers inutiles, donc. Mais traces géniales de fondateurs d'empires et d'arpenteurs, qui ont un autre sens du divin. Le Sahara n'est donc pas seulement le désert, c'est aussi l'expression sisyphéenne du monde, où les hommes cultivent des légumes dans des puits de lumière et d'humidité à plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Lieux prodigieux où l'on sait ce que le mot fertilité veut dire. Mais lieux sisyphéens, donc, où l'homme se bat avec le sable dès que le vent se lève. Le vent-ici-est à la foi femelle et mâle. Il a sa périodicité immuable…Il peut souffler un seul jour. Ce qui est rare…» Un hymne sentant le sable chaud. Partage de fraternité et d'amitié Ahmed Madi, directeur des éditions Dar El Hikma et président du Syndicat national des éditeurs du livre (SNEL), soulignera : «Amis du livre et du savoir, on se rencontre aujourd'hui pour instituer dans cet espace un nouveau rendez-vous avec l'écriture, la création et la connaissance à la faveur de la culture partenariale reliant Dar El Hikma et l'Union des écrivains algériens. Je pense qu'il n'y aurait pas de culture ou place à la création, sans la culture du partage et d'entraide, entre les éditeurs du livre, les auteurs, les lecteurs et la société civile… Le lancement du ‘Club des écrivains sera un espace où germeront les idées, les projets et où s'élèveront les vertus cardinales universelles…» Le président de l'Union des écrivains algériens,Youcef Shagra, étayera : «C'est un jour de partage, de fraternité et d'amitié. L'Algérie est pour tous. Cet espace est le vôtre, ouvert à l'arabe, le tamazight, le français, l'anglais…Un bel espace, une nouvelle vision…»