La grande vague d'indignation suscitée par la caméra cachée dont a été victime l'écrivain Rachid Boudjedra sur Ennahar TV concerne également d'autres dépassements constatés dans les programmes des télévisions privées. L'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV) invite les citoyens diffamés et dévalorisés par les médias audiovisuels à saisir la justice. «Tout doit finir entre les mains de la justice et non pas ceux de l'ARAV qui n'a pas de prérogatives de sévir pénalement», affirme Zouaoui Benhamadi, président de l'ARAV. Interrogé sur les graves dérives des caméras cachées diffusées par les chaînes privées, notamment Ennahar TV qui ne cesse de défrayer la chronique par ses pratiques odieuses, il précise que l'autorité a saisi le responsable de ce média. «Ces méthodes et ces procédés sont absolument à proscrire et à bannir. Nous avons pris contact avec le PDG d'Ennahar pour lui exprimer notre désaveu», explique Zouaoui Benhamadi, en réagissant à la violence exercée sur l'écrivain Rachid Boudjedra, qui a été humilié lors d'une caméra cachée diffusée, mercredi soir, par cette chaîne. Rappelant le communiqué diffusé mercredi dernier en réponse à une plainte du Mouvement populaire algérien (MPA), Zouaoui Benhamadi indique que l'ARAV a dénoncé «ce genre de pratiques de manière claire et nette». «Nous avions publié, avant le début du mois de Ramadhan d'ailleurs, un communiqué appelant les chaînes à garder la mesure sur trois points : la question religieuse, les caméras cachées et l'overdose de la publicité», précise-t-il, en faisant une sorte de mise au point concernant les missions et les prérogatives de son organisme. «L'ARAV alerte sur les dépassements enregistrés, et c'est ce qu'elle a fait. Elle ne dispose pas d'une batterie de prérogatives claires et nettes l'autorisant à faire justice elle-même. La justice doit être rendue par la justice. Maintenant, la réglementation, les attributions et les prérogatives des uns et des autres varient. Dans le cas de l'ARAV, son rôle est de saisir les intéressés, encourager tous ceux qui s'estiment victimes d'une manipulation ou d'une dévalorisation de leur propre personne et de leurs propos par la chaîne x ou y nommément citée d'en référer à la justice», soutient-il. Et d'ajouter : «Ce que nous estimons juste de faire est de porter plainte contre l'organe qui a diffusé le sujet soit en le manipulant ou non. Il faut que les dépassements commis soient sanctionnés par la justice et seulement par la justice.» Régulation du secteur : c'est à l'exécutif de décider Interrogé sur le retard pris dans l'élaboration du cahier des charges et l'agrément des chaînes qui mettraient, peut-être, fin à cette anarchie, le président de l'ARAV rétorque : «La question doit être posée à l'Exécutif. C'est lui qui a la charge exclusive de proposer le type de paysage audiovisuel qu'il souhaite. C'est n'est qu'à partir du lancement de l'offre de l'Exécutif et que les uns et les autres fassent leurs soumissions pour obtenir des agréments que l'ARAV intervient». Selon lui, l'Autorité de régulation «n'intervient pas en amont». «Les pouvoirs de l'ARAV s'inscrivent dans une batterie de lois. L'ARAV n'est qu'une partie du mécanisme. Nous avons des moyens de persuasion et nous publions des avis», souligne-t-il.