L'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV), installée le 20 juin dernier, est indépendante et ne dépend d'aucune institution, a affirmé hier lundi à la radio son président, M. Zouaoui Benhamadi. L'Arav, explique cet ancien journaliste passé par plusieurs titres de la presse écrite et ancien correspondant de l'agence APS à Mexico et Washington, est ''une institution née de la Constitution''. ''On n'aurait pas eu d'Arav, si la Constitution n'avait pas été, en point essentiel, cette idée centrale qui est comment rendre la gestion de ce pays plus démocratique, comment élargir les espaces de liberté'', a-t-il dit, avant de préciser que ''tous les secteurs sont en train de connaître un lifting qui va dans le sens des objectifs de la nouvelle Constitution''. Benhamadi ajoute, concernant l'institution qu'il préside, qu'elle est ''totalement indépendante, je le confirme, car je sais que la volonté du président de la République était celle-là''. Et, ''selon les textes, et selon ce que nous sommes en train de faire, nous n'avons de hiérarchie, nous ne dépendons de personne'', insiste t-il, avant de relever que ''nous sommes une partie de l'autorité de l'Etat qui s'exerce indépendamment du pouvoir exécutif, et indépendamment de toutes les autres formes connues ou pas connues d'orientation ou de pression''. M. Benhamadi a, d'autre part, estimé face à l'anarchie actuelle qui prévaut dans le paysage de l'audiovisuel national, avec des médias exerçant en ''offshore'', qu'il faut ''mettre de l'ordre dans le milieu audiovisuel. Après les débuts, le chaos productif, il faut mettre de l'ordre, le cahier des charges est un élément de loi fait pour rationnaliser le travail du secteur''. Et puis, il rappelle que l'Arav ne fait pas de différence entre les médias publics et privés. ''La loi ne fait pas de différence entre services public et privé, à terme c'est avec beaucoup d'intérêt que nous allons nous intéresser à ce que font les médias de l'audiovisuel, dont le secteur public'', explique t-il, avertissant en même temps les TV privées ''offshore'' que ''tout ce qui arrive au pays ne peut pas échapper à l'appréciation de ce que l'Arav est en train de faire. Nous savons que ces chaînes sont conçues et fabriquées à partir d'adresses connues en Algérie, donc la loi s'adresse à eux''. Il a également souligné que ''le cahier des charges suppose une mise à niveau qui va s'appliquer dans les prochains mois et tout le monde (secteurs public et privé) sera mis sur le même pied d'égalité, les chaînes privées vont devoir se soumettre à la totalité des lois du pays, qu'elles soient économiques, financières ou sociales''. Ni gendarme, ni arbitre ''Mais, nous, en tant qu'Arav, nous avons besoin de temps. Avons-nous les moyens de diffuser sur le territoire national les chaînes qui vont venir ? Cette évaluation technique est en train de se faire par le ministère. Après, on va nous dire qu'il y aura tel nombre de chaînes TV, et sur cette base on va informer les concernés. Nous attendons que les candidatures arrivent'', souligne le président de l'Arav pour qui ''on doit évaluer ce que nous avons comme potentialités techniques''. Pour autant, et devant certaines appréhensions de professionnels de l'audiovisuel qui craignent l'émergence d'une sorte d'autorité de la censure, M. Benhamadi a assuré qu'il ne faut pas ''voir l'Arav ni comme un gendarme, qui surveille et sévit à toute occasion sur ce qui se dit et s'écoute, ni comme un arbitre qui est là toujours pour rappeler les règles du jeu, qui dit qu'il faut que cela se passe comme ça ou comme ça, et certains la voient comme un bouclier contre les dérives et contre les outrances''. ''L'Arav, ou le travail de l'Arav s'inscrit dans le renforcement de l'expression démocratique et non dans la limitation de ce qui est la parole, pour le reste nous avons des lois contre la diffamation, contre les informations qui portent atteinte à la sécurité du pays, de protection de l'enfant, de l'économie nationale, et tous ces codes restent valides, et c'est eux qui font la stabilité de la République'', détaille t-il. ''L'Arav ne saurait se substituer à la justice, et c'est un instrument de la justice, comme le reste des autres institutions.'' Pour autant, il confirme que ''nous avons le droit de porter un jugement sur tout ce qui se diffuse, et le droit d'arriver à contribuer nous-mêmes à la fabrication de ces programmes, ce qu'il faut faire pour l'enfant, la religion, de la dissémination de la culture, voilà ce que nous envisageons de faire.'' Et, en cas de dérapages de certains médias audiovisuels, il a expliqué que l'Arav a le pouvoir ''de saisir les institutions de la communication, de coller des amendes, de suspendre momentanément, si elle ne passe pas par la justice, elle peut le faire elle-même''. Sur les 53 chaînes de TV privées qui arrosent le paysage médiatique algérien, M. Benhamadi a affirmé que ''jusqu'à présent, aucune n'a déposé un dossier de demande de création de chaîne TV. Il n'y en a pas eu, mais nous attendons des demandes, c'est sûr qu'il va y en avoir, et pour ceux qui auront à le faire, ils doivent lire et mieux digérer ce que prévoit le cahier des charges'', a t-il recommandé, avant d'affirmer qu'il n'y aura ''aucune préférence en termes de langues, de régions. La compétition est ouverte pour tout le monde, et ce n'est pas parce que quelqu'un possède la fortune qu'il croit qu'il peut tout faire.'' Ces chaînes TV ''ont l'obligation de s'astreindre au cahier des charges, qui énonce les vertus cardinales du vivre ensemble et qui sont applicables à tous les médias, public et privé''. Enfin, il a rappelé que ''les citoyens peuvent saisir l'Arav pour tout dépassement par les médias audiovisuels'', et dans le cas de la couverture de certains événements se rapportant au secteur de l'éducation, il a indiqué que ''nous sommes en train de collecter les informations, on avisera après''.