par Boussaad Yahiaoui Ingénieur/Promoteur du procédé MPC Bâtir, c'est utiliser avec intelligence les forces et matériaux choisis afin de mettre à la disposition des hommes, sur des fondements stables, une portion d'espace aménagée et conditionnée, avec un degré de sécurité élevée…» Roger Bonvin. Les traces de l'Antiquité et celles du passé, réparties à travers notre territoire, ont reproduit les compétences de leurs bâtisseurs à réaliser des cités où il faisait bon vivre. Aussi, les villes coloniales avec leurs constructions éloquentes continuent à s'imposer en dominant et «riant» sur ce que nous sommes en train de réaliser en matière de constructions. Cela reste la preuve de notre échec total de ce qui a été fait au passé et du gaspillage qui est en train de se produire au présent. En effet, à l'indépendance, l'Algérie a hérité d'un parc immobilier et d'un savoir-faire dans le domaine de la construction et a évolué positivement jusqu'aux années 80' ; jusqu'à cette époque, notre pays disposait des compétences héritées de l'ère coloniale. C'est dans l'ambiance de prestige, de la consommation et du gaspillage que la rigueur dans la réalisation du cadre bâti s'est vu négligée et la déconfiture du secteur de la construction a suivi après. Le souci politique pour la satisfaction de la demande en logements a primé sur la qualité, l'économie et la sécurité. En effet, plusieurs séismes ont secoué nos villes et villages, mais nous restons comme amnésiques après leurs passages, nous revenons sur nos erreurs, en continuant à construire le long des failles sismiques, sur des sols friables et classés inconstructibles, dans l'ignorance totale des règles de construction parasismique. Mais l'exemple le plus frappant et qui a éveillé les consciences est celui du 21 mai 2003 qui a secoué la région de Boumerdès, causant des milliers de morts, des immeubles se sont effondrés comme des mille-feuilles, des infrastructures routières ont été sérieusement endommagées, c'était l'horreur dans toute sa laideur. Le constat établi, la prescription arrêtée, la seule parade possible aux effets dévastateurs des séismes reste la prévention du risque sismique, qui consiste à vulgariser les modes et procédés constructifs parasismiques adéquats. Cela étant dit, l'Etat, à travers des règlements et des documents techniques réglementaires a réussi à imposer une manière de construire sécurisante dans le milieu urbain, mais en milieu rural le problème reste toujours posé. Par mimétisme et par extrapolation, l'Algérien s'est vu obligé de construire de la même manière en milieu rural pour des constructions individuelles n'excédant pas deux niveaux, ce qui a conduit au gâchis actuel, des constructions inachevées, des économies dissipées, pour donner un résultat médiocre en matière d'architecture, d'économie, de résistance et de sécurité. Certes, le choix du site d'implantation y est pour quelque chose, mais le type inapproprié du procédé de construction adopté y est pour beaucoup, en amplifiant les dégâts lors des séismes, le béton gonfle les coûts de réalisation, en induisant des retards dans les livraisons. Jusqu'à aujourd'hui, promoteurs et concepteurs n'ont pas réussi à imposer leur idée quant à l'adoption d'autres procédés constructifs en remplacement du procédé inculqué déjà dans les esprits, basé sur les structure en béton armé qui a tendance à se généraliser. Cela étant dit, le béton armé est un matériau qui revient très cher à la réalisation, et amplifiant l'effet du séisme de par son poids. Contrairement à d'autres procédés de construction qui ont fait leurs preuves de par le passé, en l'occurrence la Maçonnerie porteuse chaînée (MPC) qui reste valable pour les constructions de faible hauteur, allant jusqu'à R+3, qui conviendrait mieux en milieu rural et périurbain, et qui présente toutes les qualités recherchées, à savoir : - Sur le plan de la sécurité en utilisant la brique porteuse comme principal matériau, et allégeant de fait la structure. Et comme le séisme est proportionnel au poids de la structure, par conséquent l'effort sismique est réduit de par la légèreté du matériau utilisé (brique en argile porteuse). - Sur le plan économique en utilisant une section réduite de béton, ce qui nous fait une économie d'acier, de ciment et d'agrégat. L'utilisation rationnelle du bois de coffrage nous fait gagner une économie vis-à-vis des délais de réalisation. - Sur le plan du confort, le béton étant considéré comme pont thermique (transmission de la chaleur et du froid de l'extérieur vers l'intérieur et vice versa) ; par contre, la brique en terre cuite est un matériau isolant, ce qui donnera des constructions mieux isolées, et par là contribuer à l'économie d'énergie. A ce propos, et en faisant référence au règlement parasismique algérien (RPA), le procédé basé sur la maçonnerie porteuse chaînée dicte qu'outre des gains économiques et de confort reconnus au procédé, la construction à base de maçonnerie porteuse chaînée est non seulement permise en zones sismiques, mais le procédé est favorisé par ledit règlement par rapport aux structures en portiques autostables en béton armé, au vu de ses capacités d'endiguer les effets du séisme. Les pouvoirs publics n'ont pas, et ce, depuis l'indépendance, réussi à vulgariser ce genre de procédé, en l'imposant comme système constructif au milieu rural. Mais, si la menace sismique n'a pas réussi à éveiller les consciences, la crise économique le fera certainement. Et si cela se faisait, le risque réfléchi et calculé succéderait logiquement à la fatalité et la maçonnerie porteuse chaînée viendra donc au secours des zones rurales. Par voie de conséquence, on saura mieux bâtir tout en tenant compte simultanément de la sécurité, de l'économie et du confort, pour enfin construire d'une manière durable tant souhaitée. B. Y.