Lorsque se prépare le grand plat du Semi-marathon international de Béjaïa, lui, il est au four et au moulin avec ses amis de l'AMCB. Les courses sur route, il s'y connaît depuis sa première licence en athlétisme, en 1977 au MBB. Pour ceux qui ne le savent pas, Mohamed Laroug est un ancien marathonien qui a du goût pour les défis. En 1976, encore adolescent, à son tout premier jour d'entraînement, il s'est fait remarquer en étant seul à tenter de coller aux baskets du meilleur coureur du groupe. À 20 ans, il a été le plus jeune athlète algérien à courir un marathon au championnat d'Algérie. 5e au classement parmi les plus rodés des marathoniens du moment. Appelé sous les drapeaux, il rejoint l'EN militaire avant que ne commence une carrière d'entraîneur. D'abord à la direction régionale du sport militaire de Constantine puis avec l'équipe de demi-fond du MBB. Aujourd'hui vice-président de la fédération nationale d'athlétisme, Mohamed Laroug a managé de jeunes champions. Mais sa bosse il l'a roulée comme prof de sport. Après un bref passage par le CEM Azout, de Sidi Aïch, il s'établit, vingt ans durant, au CEM Frères Amrane, à Souk El Asser, dans la ville de Béjaïa, avant de prendre récemment sa retraite. Non, non ! Physiquement, Mohamed n'a rien de «retraitable». Quand il a rejoint l'AMCB, dans sa tête mijotait l'idée d'un semi-marathon pour la ville. Cela tombait bien. L'idée travaillait aussi le président du club, Fateh Hadad, un ex champion marathonien. Le constat navrant de la sédentarité ambiante a accéléré les choses. Une année plus tard, 2000 athlètes ont couru dans les rues de la ville à la première édition du semi marathon qui devient une belle réalité. Onze ans après, le nombre d'athlètes a triplé, et le club a intégré l'association mondiale des courses sur route, plaçant l'Algérie aux côtés des deux seuls pays africains dont l'Afrique du Sud avec sa course de …96 kms. Mohamed ne se savait pas destiné à épouser le monde des courses. C'est son grand frère, l'ayant surpris en train de griller une cigarette, lui le môme de 10 ans, qui l'a engagé dans la section boxe du Mob. Bien évidemment, il n'a plus fumé depuis. C'est vous dire que Mohamed aurait pu être boxeur ou même volleyeur.Son enfance, il l'a vécue dans l'indigence. Il est né alors que l'enivrement de l'indépendance ne s'était pas encore estompé, en août 1962. «C'est grâce au sport que je mangeais et m'habillais ! Presque toute l'année j'étais en survêtement» confie-t-il, se souvenant de la prise en charge par le club et surtout de sa première paire d'espadrille noire en caoutchouc. «J'avais la sensation étrange de conduire une voiture. Je ne m'arrêtais pas de courir à travers Lekhmis» se remémore-t-il ce temps où un verre de lait de vache était la seule compensation post entraînements. La vie lui a permis aussi des rencontres dont celle avec le fils de Benboulaid lui a arraché des larmes. C'était lors d'un cross à Batna. «Les courses que je ne rate jamais ce sont celles de Batna» confie-t-il. Nous vous le disions, Mohamed Laroug n'a rien de «retraitable».