A quelques semaines des résultats du baccalauréat, les futurs étudiants, du moins les plus assidus, commencent déjà à s'intéresser aux branches susceptibles de leur garantir un avenir «assuré». «Il ne s'agit plus comme pour les générations d'avant, de se contenter de décrocher son baccalauréat. Aujourd'hui, il faut s'assurer un bonne moyenne et dénicher la formation qui ouvrira les bonnes portes», opine Ania, une candidate au bac 2017 dans la spécialité sciences. Passionnée de cuisine et de nutrition, la jeune femme souhaite s'inscrire dans une filière qui soit proche de ses «amours». Justement, installée depuis février dernier, l'Ecole supérieure des sciences de l'aliment et des sciences de l'agroalimentaire (Essaia), verra en 2019 la sortie de sa première promotion d'ingénieurs spécialisés dans l'industrie alimentaire. Située à El Harrach (Alger), l'Essaia, comme le rappelle l'APS, est issue de la transformation de l'Ecole préparatoire en sciences de la nature et de la vie (Epsnv). Il faut dire que la bonne dynamique impulsée depuis des décennies dans le secteur (l'agroalimentaire) a fini par faire boule-de-neige en charriant dans ses bonnes «grâce» les secteurs de la formation professionnelle et de l'enseignement supérieur. Désormais, plusieurs établissements du supérieurs et de la FP se livrent batailles pour « produire », les profils idéals les plus demandés par les entreprises activant dans le secteur et dans les plus bref délais. Une bonne guerre. A l'instar des centre d'excellence de formation professionnels spécialisé dans l'agroalimentaire de Blida, d'Oran, de l'Institut des sciences et techniques appliquées à l'agroalimentaire de Blida (ISTA) l'Essaia tend à prendre la tête des établissements de formation dans le domaine. Selon l'APS, pour la directrice de cette nouvelle école supérieure, Mme Meriem Ben Mehdi, la décision de créer un tel établissement, le seul en Algérie, «est un choix imposé principalement par le développement remarquable du secteur de l'industrie alimentaire en Algérie mais qui souffre d'un manque flagrant d'encadrement technique qualifié», explique-t-elle. A ce propos, Mme Ben Mehdi relève que ses consultations menées en direction des responsables d'entreprises et d'organisations patronales sur leurs besoins, en termes de ressources humaines techniques, révèlent souvent un manque substantiel de cadres dans cette spécialité. «Il est donc question de répondre aux besoins d'un secteur agroalimentaire très recruteur», explique-t-elle «L'idée est de maximiser les chances de nos diplômés à décrocher un travail. L'objectif de notre école est de former utile et d'offrir aux entreprises des cadres de qualité surtout que le secteur de l'agroalimentaire en Algérie enregistre une croissance à tous les niveaux», ajoute-t-elle. La première promotion des ingénieurs, qui seront issus de cette école en 2019 après avoir entamé leur cursus à l'ex-Ecole préparatoire en sciences de la nature et de la vie, sera spécialisée dans le contrôle de la qualité et l'analyse alimentaire, tandis qu'à la rentrée 2017-2018, une autre spécialité sera introduite portant sur les sciences de la conservation et de l'emballage alimentaire, instruit toujours l'agence. Cette nouvelle spécialité vise à former des professionnels dans le domaine de l'emballage « qui est une science à part entière » alors que l'Algérie manque grandement de professionnels en la matière, observe la même responsable. «Les métiers de l'emballage n'existent pas chez nous», explique la directrice de cette école, en soulignant que les consommateurs ignorent si les emballages des produits qu'ils achètent, tels qu'ils sont fabriqués actuellement, soient réellement contrôlés et s'ils ne posent pas un danger sur leur santé et l'environnement. Des débouchés assurés Le marché de l'agroalimentaire algérien présente un potentiel des plus appétissants. Seconde industrie du pays, l'agro emploie plus de 140 000 salariés dans 17 000 entreprises industrielles, dont -et c'est le plus intéressant- 95% gérés par le secteur privé. Avec 40% du chiffre d'affaires de l'industrie nationale, le secteur enregistre également une enveloppe de 7.7 mds de dollars d'importations (en 2008) et donc autant de marge d'avancée. Face à tous ces défis et aux attentes des entreprises qui activent dans le secteur les débouchés de l'Essaia sont divers et nombreux : dans le secteur de l'agroalimentaire, les diplômés de cet établissement sont destinés vers les créneaux liés essentiellement au contrôle de la qualité, au service de gestion de la qualité, à la recherche et développement, à la production ou à l'achat des matières premières, et ce, dans les entreprises agroalimentaires, ainsi que dans les services de contrôle et de répression des fraudes du ministère du Commerce. Selon Mme Ben Mehdi, avec l'ouverture d'autres spécialités dans les trois ou quatre prochaines années, la liste des débouchés devrait s'élargir davantage (Douanes, laboratoires, centres de recherche...). «L'avantage dans ce cursus est que les étudiants sont recrutés au niveau national, sachant qu'actuellement, nous avons des élèves représentant 42 wilayas qui vont contribuer au développement local de leurs régions respectives dans le domaine de l'agroalimentaire», estime-t-elle. Pour accélérer le processus de développement et assurer une plus grande performance à cette école, des accords de coopération ont été signés avec des entreprises algériennes ainsi qu'avec des écoles similaires étrangères, notamment françaises, dans le cadre d'échanges d'expertise et de formation et de coopération scientifique et technique. Elle a également signé des accords avec des universités algériennes comme celles de Ghardaïa et de Tamanrasset dans les domaines technique et de recherche afin de valoriser les produits du terroir dans les Hauts-Plateaux et le sud du pays. Récemment, des conventions ont été signées avec quatre entreprises privées de l'agroalimentaire, à savoir l'Etablissement Larbi-Cherif-Chafik de Béjaïa, spécialisé dans la fabrication de produits parapharmaceutiques, l'Eurl Bioherbs d'Alger (fabrication de compléments alimentaires), l'Eurl Proderma de Sidi Bel Abbès (compléments alimentaires et produits cosmétiques), et la Sarl Myrale de Bordj Bou Arréridj (fabrication de compléments alimentaires). Quant aux conditions d'accès à cette école supérieure, il est exigé du candidat le baccalauréat avec une moyenne minimale révisable d'une année à une autre, et réussir le concours d'accès. «La condition de la moyenne obtenue au bac n'a pas empêché de recevoir des centaines de dossiers de candidatures, mais nous n'en retenons que les meilleurs. Parfois, nous avons des candidats avec de très bonnes moyennes au bac, supérieures à 15 et 16, qui ont préféré étudier chez nous, plutôt que d'aller vers d'autres spécialités habituellement plus prisées, comme la pharmacie ou la médecine», constate la même responsable. Quelque 650 étudiants, venant des quatre coins du pays, suivent actuellement leurs études à l'Essaia et dont la grande majorité provient de l'ex-Ecole préparatoire en sciences de la nature et de la vie. L' école offre aussi des formations continues de courte durée sur les bonnes pratiques, l'hygiène et la préparation en industrie agroalimentaire et la restauration collective, dans le cadre de conventions signées avec des partenaires tels les restaurants universitaires.