La pièce théâtrale Babor ghraq a été présentée pour la première fois en 1982 au Théâtre national algérien (TNA). En six ans, elle a été jouée 600 fois et a été filmée par la Télévision algérienne. C'est dans le cadre de la célébration de ses 50 ans de carrière que le dramaturge algérien Slimane Benaïssa a voulu programmer cette pièce. Une pièce qui a été, également, demandée par le public. Lors d'un point de presse, animé mercredi matin au niveau de la salle M'hamed Benguettaf, Slimane Benaïssa s'est dit heureux de réinvestir les planches du TNA pour présenter cette pièce à un nouveau public. Le conférencier a précisé que cette pièce de musée sera interprétée telle qu'elle a été jouée à l'origine. Aucun changement ne sera effectué ni au niveau du texte ni au niveau de la mise en scène. Toutefois, la distribution des comédiens sera légèrement modifiée. On retrouvera, ainsi, Slimane Benaïssa, Mustapha Ayed et Omar Guendouz. «Le changement de comédiens, dit-il, ne changera pas le fond de la pièce. Théâtralement, la pièce va évoluer, mais elle restera la même. La fidélité de la représentation de la pièce est réelle.» La programmation de la pièce théâtrale Babor ghraq sera maintenue en juillet au niveau du TNA avant d'entamer, dès la rentrée prochaine, une tournée nationale. Pour Slimane Benaïssa, il n'y a pas eu de coupure dans son métier. Il y a eu plutôt un changement d'atmosphère et de public. Il indique avoir assuré avant son départ à l'étranger 1500 représentations en Algérie et 1800 en France. «Aujourd'hui, dit-il, j'ai dans mes souliers plus de 4000 représentations». Slimane Benaïssa est convaincu que c'est parce qu'il maîtrise la langue maternelle qu'il a pu parler correctement le français. «C'est parce qu'il existe, aussi, une dimension créative et sensuelle dans la langue maternelle. Je dis toujours que la sensualité m'a été donnée par la langue maternelle, c'est-à-dire, le dialectal et le berbère et la langue de liberté, c'est peut-être le français, parce qu'elle a une expérience historique que malheureusement l'Algérie n'a pas encore entamée. C'est ce qui fait que mon œuvre est entièrement dans la continuité». Poussant plus loin sa réflexion, l'orateur estime que s'il a décroché le titre de docteur honoris causa c'est parce qu'il a amené l'arabe algérien en tant que langue à l'Institut des langues orientales à Paris. Grâce à son répertoire algérien, la langue arabe est aujourd'hui enseignée dans cet institut. Cette année, l'une de ses pièces, Prophète sans Dieu, est rentrée dans l'agrégation en France. «Les circonstances ont fait qu'on aille ailleurs, mais on a toujours porté l'Algérie en nous. Je porte le pays par l'écriture. Je ne peux pas arrêter l'écriture parce que le pays est toujours là avec moi dans l'écriture. Je suis toujours heureux de retrouver le public algérien. C'est mon public référent». A la question de savoir quel est son regard sur le théâtre algérien, il se félicite de la rénovation des théâtres algériens. Selon lui, il existe des moyens et des structures, mais ces dernières ne fonctionnent pas. Il y a beaucoup de jeunes qui sont attirés par les feuilletons et les sitcoms. «Cela ne demande pas un professionnalisme extraordinaire de jouer dans ces sitcoms. Le théâtre est un métier beaucoup plus compliqué qui a besoin d'une formation. C'est cette formation qui manque aux jeunes. Surtout qu'ils sont beaux et qu'ils ont une énergie extraordinaire. C'est dommage de les voir livrés à eux-mêmes», argue t-il. C'est dans cette optique que le dramaturge Slimane Benaïssa compte reproposer son projet au ministère de la Culture. Un projet axé sur la formation d'acteurs et sur l'écriture. Un travail que l'homme de théâtre a déjà réalisé en Afrique et en France. «J'espère qu'il va aboutir, car les jeunes Algériens ont besoin d'un encadrement. Ils ont besoin qu'on leur donne les lignes directrices du métier. On ne peut pas évoluer dans le vide. La formation est nécessaire à la base. Ceci étant, les projets sont multiples, mais ils sont lents à mettre en application», lance-t-il. Il est à noter que Slimane Benaïssa est en train de monter en Belgique une pièce théâtrale intitulée Trois jours avant l'heure. Cette pièce est programmée en novembre à Montréal avant d'être présentée à Paris ou à Alger.