L'Etat islamique (EI) a revendiqué les deux attentats commis hier matin à Téhéran et qui ont visé le Parlement iranien (Conseil de la choura) ainsi que le mausolée de l'imam Khomeini, père de la Révolution islamique iranienne décédé le 3 juin 1983. Selon une source journalistique locale, les deux fusillades ont été menées simultanément dans le but «de créer un état de psychose généralisé dans la capitale et désorienter les forces de sécurité». Lors de la première fusillade, des assaillants, habillés avec des vêtements de femmes, ont attaqué le siège du Parlement iranien, tuant un des gardiens de l'édifice et blessant deux autres. La seconde a visé le mausolée de l'imam Khomeini. Mais devant la riposte des services de sécurité, un assaillant, qui serait également une femme, s'est fait exploser, ce qui aurait engendré la mort de nombreux civils. Au total, les deux attentats ont fait 12 morts et 42 blessés parmi les Iraniens selon le dernier décompte officiel. Du côté des groupes armés, deux assaillants ont été arrêtés, les autres tués ou blessés selon les autorités iraniennes. Houcine Koufari, vice-ministre de l'Intérieur, a déclaré que l'Iran a déjoué, ces trois dernières années, une dizaine d'attentats «terroristes», tous sont le fait de groupes venus de l'étranger, selon lui. Néanmoins, il n'a pas précisé qui sont ces pays ou l'endroit duquel sont venus ces groupes terroristes ? L'Iran, la nouvelle cible du terrorisme ? Pour parer à toute autre menace au moment même où l'EI subit une déroute humiliante en Irak et en Syrie, une réunion sécuritaire extraordinaire devait être organisée en urgence en vue de repenser toute la stratégie sécuritaire mise en place pour protéger la capitale, Téhéran. Jusque-là épargné, l'Iran risque bien fort de devenir la nouvelle cible du terrorisme. Il y a trois mois, un membre de l'EI a prononcé un discours dans la langue farsie, dans lequel il menaçait clairement la République islamique, malgré le fait qu'elle ait abrité, pendant longtemps, de nombreux responsables d'Al Qaîda, notamment du temps d'Oussama Ben Laden. Mais la situation a, semble-t-il, changé depuis le début de la bataille pour la libération de Mossoul occupée par les troupes d'Abu Bakr Al Baghdadi en juin 2014. Les Iraniens, après avoir signé un accord historique portant sur leur programme nucléaire avec les Etats-Unis sous le règne d'Obama, se sont attelés enfin à combattre le terrorisme qui a ravagé l'Irak voisin. L'Iran paie ses interventions en Irak et en Syrie C'est à la faveur d'une «fatwa» du guide religieux iranien Khamenei et son alter ego irakien al Sistani que des centaines de milliers de jeunes Irakiens ont rejoint les forces du «Hachd Chaabi» «mobilisation populaire» pour libérer toutes les villes occupées par l'EI depuis 2014, et principalement la ville de Mossoul. Les attentats d'hier peuvent être analysés comme une revanche de l'EI en déroute, n'arrivant plus à contenir l'avancée militaire des combattants chiites, tant en Irak qu'en Syrie. Mais l'Iran paie aussi son implication dans le conflit syrien. Et ce qui s'est passé hier à Téhéran pourrait être le début d'une longue série d'attentats qui pourraient viser ce pays. Ces attaques interviennent au moment où les pays du golfe vivent leur plus grande crise politique. Ennemi juré de l'Iran dans la région, l'Arabie Saoudite ne serait pas mécontente de voir le pays des mollahs rentrer dans une sorte d'infernale terroriste. Cela pourrait éventuellement l'obliger à réduire ses velléités extérieures pour ne s'occuper que de sa sécurité interne. Si cela devait arriver, Riyad aura au moins réussi à mettre entre parenthèses le grand projet de «shiisation» pour lequel la République islamique met de l'argent et du sang sans compter.