Les combats ont duré plusieurs heures Si les services de renseignements iraniens ont affirmé au cours des deux années écoulées la mise en échec ou le démantèlement de plusieurs cellules de Daesh implantées dans le pays, c'est la première fois que des attentats sont commis depuis les années 2000... Deux attaques simultanées ont eu lieu hier à Téhéran, où des terroristes du groupe autoproclamé Etat islamique ont ciblé le Parlement iranien et le mausolée de l'imam Khomeyni, faisant 12 morts et une quarantaine de blessés dans plusieurs dans un état grave. Revendiqués par Daesh, ces attentats ont été commis par six assaillants qui, selon la télévision iranienne, se cachaient parmi une foule venue manifester devant le Parlement pour exiger une commission d'enquête dans une affaire d'escroquerie. Il s'agit là de la première attaque commise au nom de l'EI en Iran où les premières réactions officielles ne sont pas encore tombées. Le guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, ainsi que le chef de l'Etat, Hassan Rohani, vont certainement s'exprimer car le second attentat a ciblé le mausolée de l'imam Khomeyni, un lieu dont la symbolique est majeure pour le pays et pour tous les chiites de la région. Les deux sites attaqués sont distants d'une vingtaine de kilomètres, ce qui indique bien la motivation politique des assaillants. Les stations de métro ont été fermées et d'imposantes forces de sécurité déployées dans tous les endroits sensibles de la capitale iranienne. Le fait que les attaques, intervenues tôt le matin, ont duré plusieurs heures, avec des échanges de tirs laissent présager d'éventuels groupes disséminés à travers Téhéran. Le ministère de l'Intérieur a confirmé la mort des six assaillants en soulignant que «la situation est (désormais) maîtrisée». Selon les informations délivrées par cette institution, un premier groupe de deux terroristes a attaqué le mausolée de l'imam Khomeyni tandis que le second, constitué de quatre terroristes, a visé le Parlement où l'un d'eux s'est fait exploser tandis que les trois autres étaient abattus par les forces de l'ordre. Ces quatre assaillants étaient déguisés en femmes, a indiqué le vice-ministre de l'Intérieur Hossein Zolfagari. L'un des assaillants est à un moment sorti dans l'avenue qui passe près de la Chambre des députés et a tiré sur les passants. Amaq, l'agence de propagande de Daesh, a évoqué deux attaques-suicides mais n'a pas dit un mot sur le troisième groupe neutralisé avant de pouvoir passer à l'action. Ces attaques ont été condamnées par la Russie qui y voit la preuve de «la nécessité de coordonner la lutte antiterroriste» et par la France ainsi que par les alliés de l'Iran, la Syrie et l'Irak. Pour Damas, ces attentats «ne dissuaderont en rien la détermination de l'Iran et de la Syrie à poursuivre la lutte contre le terrorisme». D'autres pays, dont les relations avec Téhéran sont «difficiles», ont également condamné ces attentats. C'est le cas des Emirats arabes unis, membre du Conseil de coopération du Golfe qui vient de prendre une série de mesures coercitives à l'encontre du Qatar, accusé de financer le terrorisme et de porter une sympathie suspecte à l'égard de l'Iran. Si les services de renseignements iraniens ont affirmé au cours des deux années écoulées la mise en échec ou le démantèlement de plusieurs cellules de Daesh implantées dans le pays, c'est la première fois que des attentats sont commis et il faut remonter au début des années 2000 pour se rappeler des attaques revendiquées à l'époque par l'organisation d'opposition armée iranienne des «Moudjahidine du peuple» ou par des groupes rebelles kurdes. Mais en mars dernier, une vidéo en persan a été diffusée par l'Etat islamique dans laquelle il menaçait ouvertement Téhéran de représailles, promettant un bain de sang dans les communautés chiites et la «conquête de l'Iran (qui sera) rendu à la nation musulmane sunnite». Jusque-là, ces menaces n'ont pas été prises au sérieux, d'autant que les attaques de Daesh en Irak, en Afghanistan et au Pakistan n'avaient pas touché les grands pôles urbains. Pour autant, le conseil national de sécurité a tenu une réunion d'urgence. La menace d'un terrorisme conséquent à l'engagement de l'Iran en Syrie et en Irak est devenue pendante et les menaces de Daesh ne peuvent plus être ignorées à un moment où les tensions sont à leur paroxysme dans toute la région du Golfe, nourries par la rivalité et les ambitions contraires des courants chiite et sunnite.