Un président d'APN, troisième personnage de l'Etat, et le secrétaire général du FLN étaient réunis jeudi 8 juin à la mouhafadha d'El Harrach pour une cérémonie de distinction au cours de laquelle le président de la République, président d'honneur du parti, et le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, membre du CC, furent récompensés par les militants de la mouhafadha. En marge de la cérémonie, le nouveau président de l'APN, Saïd Bouhadja, a esquissé les contours de sa présidence. Pour l'élu de Skikda, qui a dû batailler dur contre Mouad Boucharab, le député de Sétif, autre prétendant sérieux pour le perchoir, sa présidence «sera plus proche du peuple et œuvrera à promulguer des lois adaptées à la réalité et aux développements qui marquent la société algérienne et la scène internationale», sans apporter plus de précision. Une pierre lancée dans le jardin de son prédécesseur, Mohamed Larbi Ould Khelifa, dont le mandat à la tête du palais de Zirout Youcef n'a pas laissé des souvenirs impérissables. M. Ould Khelifa était critiqué pour son manque d'autorité face aux assauts du trio Saadani-Tliba-Djemaï, de facto les vrais maîtres de l'APN, durant son mandat. Dans un autre registre et face à la polémique déclenchée lors de l'attribution des postes de responsabilité au sein de l'APN, M. Bouhadja a indiqué que «les structures de l'APN ont été choisies conformément au règlement intérieur de l'APN en vigueur, et ce, à travers le dialogue et une longue consultation entre les groupes parlementaires», mettant en avant que l'Assemblée «s'attellera à approfondir la pratique démocratique» et «impliquer l'opposition dans les travaux de l'APN». Une réponse aux attaques des partis islamistes qui ont reproché à M. Bouhadja une lecture très partisane des textes régissant la répartition des postes de vice-présidents. Pour eux, le président de l'APN favorise dans sa démarche les deux partis du pouvoir, le FLN et le RND, au détriment des autres formations politiques élues lors des dernières législatives de mai. Par la suite, la polémique a connu un autre rebondissement quand le parti islamiste, le Front de la justice et du développement, a accusé le MSP, l'autre parti islamiste, d'avoir trempé dans le complot fomenté contre lui, pour l'empêcher d'obtenir un poste de responsabilité en échange d'un strapontin à la vice-présidence. Des tiraillements que Saïd Bouhadja a tenté de régler au plus vite, alors que le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, doit présenter le 18 juin le plan d'action de son gouvernement devant les députés. De son côté, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, qui peut souffler après les attaques de son propre camp suite au résultat des dernières législatives au cours desquelles le «parti de l'Etat», comme il le proclame, est passé de 221 députés à 164, soit une perte de 57 sièges. Depuis cette semaine, une autre bataille s'annonce pour M. Ould Abbès : il devra désigner quatre parlementaires de son camp au poste de vice-président. Même si au parti on assure que ni Baha Eddine Tliba ni Mohamed Djemaï ne devraient figurer parmi les heureux élus, une surprise n'est pas à exclure dans un parti où les retournements de situation sont légion.