Le chef du groupe parlementaire du FLN, Mohamed Djemaï, est en colère contre le président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa. Avant-hier, lors d'une séance plénière consacrée à l'examen du projet de loi sur la sécurité routière, il a tenté de «déstabiliser» Ould Khelifa, mais sans éclat. Il a demandé à prendre la parole pour un point d'ordre. Ce que le président de l'Assemblée lui a accordé. Mais il s'est avéré que Djemaï n'a pas voulu introduire un point d'ordre en relation avec l'ordre du jour. Il a exprimé la fidélité des députés FLN au chef de l'état et le soutien aux projets du gouvernement. Le président de l'APN intervient alors pour l'interrompre et lui fait savoir qu'il ne s'agit pas d'un point d'ordre qui est introduit quand un député ou un groupe parlementaire constate une violation de procédure ou un problème de forme lors d'une séance plénière. Ce qui a provoqué la colère du député du parti majoritaire, qui a protesté et envoyé un message dans un bout de papier au président de l'APN. Ould Khelifa, à qui l'attitude du chef du groupe parlementaire de son parti a déplu, a déchiré le papier. Djemaï quitte alors la séance, suivi par quelques parlementaires. Quelle est donc la raison de la colère de Djemaï ? Selon une source parlementaire, la présidence de la République aurait demandé au président de l'APN de lui proposer des noms de députés ministrables. «Dans la liste envoyée par Ould Khelifa à la présidence, le nom de Djemaï ne figure pas, ce qui a suscité sa colère. En revanche, Ould Khelifa a proposé un député que Djemaï ne gobe pas. Il voulait donc se racheter auprès de la présidence en exprimant son soutien à Bouteflika», indique notre source. Il faut dire que Djamaï nourrit une forte ambition d'occuper un poste au sein du gouvernement, depuis au moins qu'une telle promesse lui a été faite par l'ancien secrétaire général du FLN, Amar Saâdani. Au sein du FLN, cette ambition n'est un secret pour personne. Amar Saâdani, avant même son installation à la tête du parti, le 29 août 2013, se prévalent du soutien des hautes autorités du pays, a «acheté» l'appui de ce député en lui promettant un poste de ministre. Or, avec l'arrivée de Djamel Ould Abbès, qui mène une campagne contre l'utilisation de l'argent pour des fins politiques, le chef du groupe parlementaire du parti majoritaire voit ses ambitions menacées. «Lui et Bahaeddine Tliba, vice-président de l'APN, se sentent visés par les déclarations d'Ould Abbès. Et ils craignent pour leur avenir, y compris d'être empêchés de se présenter aux prochaines élections législatives au nom du parti», précise la même source. Et que pense la direction nationale du parti de l'incident entre Djemaï et Ould Khelifa ? «Ce qui se passe à l'APN est du ressort de l'APN. Le président de l'Assemblée détient la police de l'audience et applique les règles qui réglementent le déroulement des séances plénières», répond Hocine Khaldoune, chargé de communication du parti. Selon lui, la direction nationale du parti n'intervient pas dans ce qui se passe au niveau de la chambre basse du Parlement. «Sauf si nous serons saisi par le chef du groupe parlementaire ou par le président de l'APN», a-t-il précisé, ajoutant que «le secrétaire général, qui est actuellement à Cuba pour assister aux funérailles de Fidel Castro, dispose des prérogatives pour instaurer et imposer la discipline». Notre interlocuteur souligne que la direction du parti est la garante de la stabilité et du respect mutuel entre les militants, quelque soit la position des uns et des autres.