Les récriminations de ce jeune pèlerin, parti le mois du Ramadhan dernier à La Mecque pour la Omra, à l'égard de l'agence de voyages All Tour, sont nombreuses et paraissent justifiées. Se présentant à notre bureau, le plaignant qui a payé à l'agence All Tour 11 millions et demi de centimespour une prise en charge totale a le sentiment d'avoir été floué. Ce sentiment est né dès le départ pour La Mecque : au lieu de coïncider avec la 2e quinzaine du Ramadhan, le voyage n'a pu avoir lieu, selon ce pèlerin, que six jours après. Explication du jeune homme : « Après le Ramadhan, le prix des hôtels baisse. En retardant notre voyage de 6 jours, c'est autant de gagné sur la location des chambres réservées. » Ce sentiment d'avoir été dupé va se renforcer pour ce pèlerin et les 134 autres dès l'arrivée à Djeddah : au lieu de l'hôtel Ichbilia, 4 étoiles, comme convenu et autour duquel tout un tapage médiatique était orchestré par l'agence en question, c'est un hôtel miteux qui les attend. Les chambres sont exiguës ; les pèlerins sont parqués à 4 dans une pièce où les lits sont alignés le long des murs, selon notre interlocuteur. Les bagages, faute d'armoires, sont étalés par terre. Point de médecin, point de guides, point de séance d'apprentissage du Coran. « Nous étions livrés à nous-mêmes dans cet affreux établissement. » Malade, notre jeune pèlerin n'a pu être soigné qu'à l'hôpital Malek Fahd. Le patron de l'agence, auquel le malade s'est plaint de l'absence de médecin, lui a répondu qu'il devrait laisser travailler ses anticorps et prendre de la vitamine C ! Le voyage de Djeddah à Médine s'est fait à bord de bus déglingués. L'hôtel où les 135 pèlerins sont descendus était pire : par l'absence de fenêtres et de climatisation, il évoquait pour notre homme une grande cave compartimentée. Il a fallu que celui-ci fasse toute une scène au patron pour avoir droit à une chambre au 3e, aérée et climatisée. Beaucoup de pèlerins étaient restés au sous-sol. Le patron s'est excusé en déclarant que c'était la faute du gérant de l'hôtel, un Egyptien. A propos de l'autre hôtel miteux, il avait affirmé qu'on lui avait retiré 100 chambres réservées à l'hôtel Ichbilia. Notre pèlerin a relevé qu' il disait qu'elles lui ont été retirées en juillet, alors que la réservation nous concernant a été faite en septembre ! Le 2e jour, les guides ont disparu de l'hôtel de Médine et cette fois, c'est un sentiment d'abandon qui s'est emparé de nos pèlerins. Ils devaient se débrouiller comme ils pouvaient. Une rumeur avait circulé : le retour allait être retardé, le Conseil algérien à Djeddah et le bureau d'El Hadj à Médine interviennent pour forcer le patron d'All Tour à confirmer le retour. Celui-ci a piqué une colère devant les pèlerins réunis à l'hôtel. Entre temps, une pétition circulait pour dénoncer le calvaire vécu par les 135 pèlerins. Notre jeune pèlerin a indiqué avoir menacé l'organisateur de ce voyage de saisir El Watan pour rendre public les faits déplorables. Il a même essayé de contacter notre bureau sans y parvenir. En tout cas, à force de cris et de menaces, il a contraint le patron de l'agence à lui donner, à lui et à une vieille, 2 billets de retour libellés au nom de deux autres personnes. D'autres, selon lui, n'ont pas eu cette chance ! L'agence All Tour pourrait être poursuivie en justice dans les prochains jours, selon notre interlocuteur.