Les combats font rage à l'orée de la vieille ville de Raqqa, principal bastion du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique en Syrie. «Il y a eu de violents combats contre Daech qui a énormément eu recours aux mines et aux tireurs embusqués et parfois aux voitures piégées», a souligné, mardi à la presse, la porte-parole de la campagne de Raqqa, Jihan Cheikh Ahmad. L'offensive anti-Deach est menée par les combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde engagée depuis novembre dans une campagne destinée à chasser l'EI de ce qui est depuis 2014 sa «capitale» en Syrie. Après être entrées dans cette ville du nord de la Syrie le 6 juin, les FDS se sont emparées d'un quartier dans l'est et d'un autre dans l'ouest. Et depuis lundi, elles tentent de faire tomber le quartier d'Al Senaa, situé aux portes de la vieille ville, où se trouvent d'importantes fortifications de l'organisation terroriste. Malgré les nombreuses frappes des avions de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, l'EI oppose une résistance farouche. «Le quartier d'Al Senaa n'a pas encore été entièrement sécurisé en raison des attaques répétées des djihadistes», a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). D'après cette ONG, la prise d'Al Senaa marquera le début de la véritable bataille pour Raqqa, car les FDS s'attaqueront alors au centre, en commençant par la vieille ville. «Le centre-ville sera la principale bataille à Raqqa», a indiqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH. Ce secteur comprend un «grand nombre de tunnels et de combattants djihadistes», selon lui. Le centre est en outre densément peuplé, ce qui devrait compliquer les opérations, comme c'est le cas actuellement à Mossoul, le fief de l'EI en Irak, où les forces de Baghdad se heurtent à une forte résistance de l'EI. Avant l'offensive, Raqqa comptait environ 300 000 habitants, dont 80 000 de déplacés venus d'autres parties de la Syrie. Après la fuite de milliers de personnes ces derniers mois, l'ONU estime à 160 000 le nombre d'habitants qui y vivent toujours, dans des conditions se détériorant de jour en jour. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a d'ailleurs appelé mardi à «un meilleur accès (...) aux dizaines de milliers de civils qui ont désespérément besoin d'assistance humanitaire», estimant à plus de 430 000 le nombre de personnes ayant besoin d'aide dans toute la province de Raqqa. «Jusqu'à présent, il n'y a aucune route viable disponible pour acheminer de l'aide», a déploré le HCR. A Raqqa même, les boulangeries sont fermées, faute de farine, selon des militants sur place. L'électricité est coupée et il y a d'importantes pénuries d'eau. D'après des ONG de défense des droits de l'homme, 88 civils, dont 18 enfants, ont été tués depuis le lancement de l'assaut sur la ville il y a une semaine. L'ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé, quant à elle, la coalition internationale, Daech et les FDS à «protéger les civils et à respecter les droits de l'homme en priorité dans l'offensive» de Raqqa. Il ne s'agit pas «juste de vaincre l'EI, mais aussi de protéger et de venir en aide aux civils qui ont souffert pendant trois ans et demi sous le règne de l'EI», a précisé Lama Fakih, directrice-adjointe de HRW pour le Moyen-Orient.