L'Union africaine a fait part de son inquiétude, hier, face à la tension provoquée par la résurgence d'un différend territorial entre Djibouti et l'Erythrée, suite au retrait de soldats du Qatar déployés dans le secteur disputé entre les deux voisins de la Corne de l'Afrique. Le président de la commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a appelé dans un communiqué au «calme et à la retenue» après que Djibouti eut accusé l'Erythrée d'avoir profité du retrait du contingent du Qatar pour occuper la partie de territoire revendiquée par les deux pays à leur frontière. Le retrait annoncé mercredi par le Qatar fait suite à la crise qui a éclaté entre Doha et l'Arabie Saoudite et ses alliés qui l'accusent de soutenir le «terrorisme». Djibouti comme l'Erythrée entretiennent de bonnes relations avec l'Arabie et ses alliés des Emirats arabes unis et ont pris leur parti dans le conflit avec le Qatar. Jeudi, le ministre djiboutien des Affaires étrangères, Mahmoud Ali Youssouf, a accusé Asmara de «déployer ses forces» dans la région de Doumeira disputée entre les deux pays sur la mer Rouge. «Djibouti est un pays pacifique et nous donnons la priorité aux solutions diplomatiques», a affirmé le ministre lors d'une conférence de presse télévisée. «Mais, avait-il ajouté, si l'Erythrée persiste dans sa recherche de solutions militaires, Djibouti est prêt à cette éventualité.» L'Erythrée n'a pour l'instant pas réagi à ces déclarations. Les deux voisins entretiennent des relations très différentes avec les puissances extérieures. Djibouti abrite des bases militaires française et américaine et la Chine en construit une à son tour sur le petit territoire. L'Erythrée en revanche est largement considérée comme un Etat paria, tandis que le port de Djibouti sert de débouché aux importations et exportations de l'Ethiopie, grand ennemi régional de l'Erythrée. L'Erythrée et Djibouti avaient signé en juin 2010 un accord sous les auspices du Qatar pour résoudre, par un accord négocié, leur conflit territorial, et des soldats qataris avaient été déployés dans les zones disputées dans l'attente d'un accord final entre Djibouti et Asmara.