L'armée de l'air éthiopienne a bombardé, hier, l'aéroport de la capitale somalienne de Mogadiscio. Il s'agit de la première attaque directe sur le siège du Conseil des tribunaux islamiques (CTI), un mouvement islamiste qui tente de s'imposer face au gouvernement de transition légal, reconnu par la communauté internationale, mais en exil. La veille, le Premier ministre éthiopien a annoncé que son pays était forcé à entrer en guerre avec le CTI après que celui-ci eut décrété la guerre sainte contre l'Ethiopie à majorité chrétienne. La frappe aérienne vise à soutenir les forces régulières somaliennes qui, soutenues par les Occidentaux via Addis-Abeba, tentent de réinvestir leur pays. Le CTI contrôle Mogadiscio et la majeure partie du pays depuis juin dernier. La Somalie, livrée aux rivalités de clans, ne possède plus d'Etat depuis le renversement du dictateur Mohamed Siad Barré en 1991. Les Etats-Unis accusent les Tribunaux islamiques, qui rappellent les talibans afghans, d'avoir des liens avec le réseau terroriste d'Al-Qaïda, ce que les islamistes démentent. La question des frontières a provoqué deux guerres en 45 ans entre l'Ethiopie et la Somalie, et les Tribunaux islamiques insistent pour former une Grande Somalie intégrant des groupes qui vivent dans l'est de l'Ethiopie, le nord-est du Kenya et à Djibouti. Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, dont le pays est un allié de longue date du président de transition somalien Abdullahi Youssouf, estime pour sa part qu'Addis Abeba a l'obligation légale et morale de soutenir et de défendre l'exécutif intérimaire somalien. Il a annoncé, en début de semaine, que son pays était en guerre contre les islamistes somaliens pour défendre sa souveraineté, ce qui pourrait être le prélude à l'élargissement d'un conflit qui menace toute la Corne de l'Afrique. L'Ethiopie met en avant la menace de voir se mêler à ce conflit des djihadistes étrangers susceptibles de provoquer des attentats suicide en Afrique orientale. Les experts militaires estiment que l'Ethiopie a déployé de 15 000 à 20 000 soldats en Somalie, et que l'Erythrée fournit environ 2 000 hommes aux islamistes, ce qu'Asmara dément. Dans cette guerre annoncée entre la Somalie et l'Ethiopie, se greffe le vieux conflit entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Ce dernier ayant été durant des décennies une province du premier. D. B.