La scène proche-orientale s'agite et très visiblement dans le bon sens, même si cela pourrait surprendre. En effet, le porte-parole du gouvernement palestinien du Hamas, Ghazi Hamad, a condamné hier, lors d'une interview en hébreu à la radio militaire israélienne, les tirs de roquettes contre Israël survenus malgré l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu à 6h locales (4h GMT). C'est là un fait majeur. Il s'agit bien entendu du cessez-le-feu que les Palestiniens et Israéliens appellent et considèrent comme tel, les Palestiniens, notamment pour avoir toujours refusé l'idée de conclure un cessez-le-feu avec les Palestiniens, exigeant au contraire de ces derniers qu'ils cessent unilatéralement leurs actions armées. « Nous allons devoir discuter de toute violation de cet accord par le Hamas, le Fatah, le Jihad islamique, le Front populaire de libération de la Palestinienne et le Front démocratique de libération de la Palestine », a affirmé Ghazi Hamad. « Tout le monde est impliqué dans cet accord qui a été signé par tout le monde, y compris par le Jihad islamique et il faut déployer tous les efforts pour le respecter », a ajouté le porte-parole du gouvernement. Auparavant, les Brigades Ezzedine Al Qassam, la branche armée du Hamas, ont revendiqué dans un communiqué les tirs de trois roquettes vers le territoire israélien malgré un cessez-le-feu conclu entre Israéliens et Palestiniens. La branche armée du Jihad islamique a ensuite revendiqué ces tirs de roquettes, ce qui provoque un certain désordre dans les rangs palestiniens. En face, le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, a prévenu qu'Israël reprendrait ses opérations militaires dans la bande de Ghaza si les tirs de roquettes palestiniennes se poursuivaient. « Si Mahmoud Abbas (le président de l'Autorité palestinienne) et les mouvements palestiniens signataires de l'accord sur le cessez-le-feu ne sont pas capables d'imposer son application, Israël considérera cela comme une violation du cessez-le-feu et agira pour défendre la population civile israélienne », a affirmé Amir Peretz dans un communiqué. Conséquence de cet accord partiel, puisqu'il ne concerne que la bande de Ghaza d'où sont tirées des roquettes en direction du territoire israélien, l'armée israélienne a retiré toutes ses troupes de ce territoire à la suite de l'accord intervenu samedi soir sur un cessez-le-feu entre Israël et l'Autorité palestinienne, a annoncé hier matin une porte-parole de l'armée. Les Etats-Unis ont aussitôt salué l'annonce de ce cessez-le feu, y voyant « un pas en avant positif vers la paix ». « Le président Mahmoud Abbas et le Premier ministre Ismaïl Haniyeh se sont mis d'accord avec toutes les factions sur une accalmie et un arrêt des tirs de roquettes (contre Israël) qui a hier à 6h » (4h GMT), a affirmé le porte-parole de la présidence palestinienne Nabil Abou Roudeina. Cette annonce est intervenue après d'intenses tractations au cours des derniers jours entre les groupes armés palestiniens et les dirigeants des mouvements politiques. Selon un communiqué de la présidence du Conseil, le président Abbas a assuré le Premier ministre israélien Ehud Olmert que « toutes les factions palestiniennes s'étaient engagées à respecter cet accord et demandaient en échange qu'Israël arrête toutes ses opérations militaires dans la bande de Ghaza et qu'il retire toutes ses troupes de ce territoire ». Des milliers de roquettes artisanales tirées depuis la bande de Ghaza se sont abattues sur le sud d'Israël, notamment à Sdérot, après le début de l'Intifadha en septembre 2000, faisant 10 morts israéliens et provoquant des représailles meurtrières de l'armée israélienne. Plus de 400 Palestiniens ont été tués depuis le 28 juin et le lancement, à la suite de la capture d'un soldat israélien, de vastes opérations dans le territoire palestinien pour tenter de stopper ces tirs. Ainsi donc, Israël aurait la paix. Tel est l'objectif des Israéliens. Quant aux Palestiniens, ils pourront eux aussi vivre avec moins de pression, mais toujours sous occupation israélienne, à moins bien entendu que cet accord ouvre la voie à un autre plus global qui est un règlement de paix durable.