Les prix du pétrole poursuivaient, hier en cours d'échanges européens, leur mouvement de hausse capitalisant sur la publication cette semaine d'une baisse de la production américaine. Vers 15h GMT, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 48,07 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 44 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour la même échéance il prenait 45 cents à 45,38 dollars. Les cours du pétrole restaient proches de leurs plus hauts depuis mi-juin après n'avoir eu de cesse de progresser depuis six jours. Ils ont profité en particulier mercredi de l'annonce d'une production américaine en baisse. Le département américain de l'Energie a en effet indiqué que l'extraction de brut avait reculé de 100 000 barils par jour au cours de la semaine dernière. Le marché pétrolier profitait par ailleurs de la faiblesse actuelle du dollar face aux autres devises, alors que les spéculations vont bon train sur un possible resserrement monétaire au Royaume-Uni où en zone euro. La baisse du billet vert rend moins onéreux et donc plus attractifs les achats de brut, libellés en dollar, pour les investisseurs munis d'autres devises. En outre, «les récentes nouvelles négatives pour les prix sont tombées dans l'oreille d'un sourd», comme des chiffres évoquant cette semaine un rebond de la production en Libye qui s'approche d'un million de baril par jour. Pour autant, nombre d'analystes appellent à la prudence, doutant que les prix du pétrole soient sortis de leur déprime liée aux craintes persistantes d'une surabondance de l'offre. La tendance de fond «reste encore massivement orientée à la baisse en raison des craintes d'un excès d'offre», souligne Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. «Le pétrole reste vraiment sous pression en raison de la hausse des réserves mondiales et donc toute appréciation des prix doit être considérée comme un rebond technique», explique-t-il. Le responsable de la recherche macro-économique sur les marchés émergents chez Invesco, Arnab Das, estime pour sa part que les investisseurs ont espéré, à un moment, que l'accord de coopération au sein de l'Opep et avec des pays comme la Russie allait permettre de faire remonter les prix. Mais ils ont mal mesuré la surabondance de l'offre. Les producteurs de schiste américains sont beaucoup plus efficients que par le passé et ont fortement diminué leurs coûts de production. L'Opep, et notamment l'Arabie Saoudite, n'a pas gagné son pari en perdant le contrôle du marché. Notons cependant que l'accord du 10 décembre dernier, signé entre les producteurs Opep et non Opep, lesquels ont convenu d'une réduction de l'offre de 1,8 million de barils jour durant le premier semestre 2017, n'aura pas été totalement vain car ayant permis une remontée suffisante des cours afin de garantir des revenus plus élevés pour les signataires. Selon l'agence de presse britannique Reuters, les pays de l'Opep ont gagné cette année 1,64 milliard de dollars par jour, ce qui représente une hausse de 10% par rapport à 2016.