Aucun bateau plaisancier ni jet-ski ne sont autorisés à accéder à la mer via les plages de la wilaya de Annaba. En cas de besoin, l'accès est exclusivement permis à partir du port de la ville.» C'est la décision prise par Farid Merabet, le maire de Annaba, et appliquée par la Gendarmerie nationale au lendemain de l'Aïd El Fitr, annonçant le début de la saison estivale. Cette mesure, louable à plus d'un titre, a pour objectif de consacrer la quiétude des vacanciers au niveau des plages qui, auparavant, étaient importunés par le mouvement incessant et dangereux de ces engins nautiques. Cependant, un autre problème persiste. En l'absence d'une marina à Annaba, digne de ce nom, c'est un véritable «parking sauvage» qui s'est installé depuis plusieurs années au coin de la plage La Caroube. Il est imposé clandestinement aux propriétaires de plaisanciers 2000 DA la nuitée. Et ce n'est pas les clients qui manquent où plusieurs dizaines de bateaux sont arraisonnés précairement, l'un après l'autre, sur un plan d'eau. Les gardes-côtes de Annaba tolèrent ce commerce informel, mais saisissent toutes autres embarcations artisanales, notamment celles non enregistrées auprès de la police maritime. «Nous avons des propositions de projets de marina que nous allons soutenir à l'effet de remédier à cette situation. Il faut un professionnel auquel on confiera ce service», affirme le président de l'APC de Annaba. Et si sur la mer la solution d'une marina est proposée pour régler le problème des bateaux, sur le sable on attend toujours des mesures sévères contre les squatteurs de plages, même si le maire de Annaba affirme avoir interdit toute exploitation d'espace. Pour le stationnement, des «parkingueurs» s'accaparent des espaces jouxtant les plages en imposant une «dime» de gardiennage aux automobilistes allant de 100 à 200 DA, payés à l'avance. Il en est ainsi à la plage Oued Bagrat (baie ouest) où il est imposé 200 DA à tous les estivants véhiculés. Une situation qui a été dénoncée par les victimes de cette racket sur les réseaux sociaux poussant la Gendarmerie nationale locale à mettre fin à ce «vol caractérisé» en interpellant le mis en cause, confirme le jeune colonel Toufik Darkaoui, commandant du groupement de Annaba. Ce qui n'est pas le cas sur le sable. Bien que le soleil et la mer soient disponibles naturellement, il n'en demeure pas moins que le reste est payant, avons-nous constaté sur place. Au grand dam des estivants, des parasols, des tables et des chaises sont installés en permanence par des squatteurs sur les plages autorisées à la baignade. Autre problème qui n'est pas des moindres, celui de la disponibilité de l'eau potable au niveau de la corniche. Il faut dire que la distribution de l'eau n'a jamais été régulière dans la wilaya de Annaba en toutes périodes de l'année, notamment estivale. L'Algérienne des eaux (ADE), qui gère depuis 2011 le secteur après le départ du partenaire étranger, Gelssen-Wasser, est actuellement dans une situation financière difficile. Ce qui a pesé lourd sur la gestion de l'eau dans une wilaya de près d'un million d'habitants. Les établissements touristiques implantés tout au long de la corniche ont, en pleine saison estivale, soif. «Je gère en concession l'établissement touristique Bouna Beach depuis plusieurs années. Outre l'absence de l'éclairage public, les douches mises au service des estivants après la baignade sont toujours à sec. Ce qui m'a valu 20% de mes recettes quotidiennes en commandes de citernes en eau pour satisfaire mes clients. Et lorsque je me plains chez l'ADE, elle rejette la balle vers la direction de l'hydraulique et vice versa», se plaint Nacer Sahraoui, propriétaire de ce célèbre lieu de tourisme. Au milieu de ces insuffisances en cours de traitement, un regain de civisme est perceptible au niveau de la société civile locale. En effet, les adhérents au club Green Bike (Vélo vert) et à Hippone Sub de la plongée sous-marine organisent depuis quelques jours une opération de volontariat sous le slogan «Main dans la main pour un littoral propre». Et le résultat est stupéfiant. Sous l'impulsion de la direction et la maison de l'environnement, les amateurs de vélo ramassent à chaque sortie des centaines de sacs de poubelle, pleins de déchets solides, tels les canettes et bouteilles de bière. Ils sont remplis et déposés à la décharge publique. Une action citoyenne en pleine saison estivale qui devient contagieuse au grand bonheur des habitants de Annaba et leurs hôtes.