Journaliste fixeur, Saïd Chitour a été arrêté le 5 juin dernier par les services de sécurité et présenté, il y a deux semaines, devant le tribunal de Dar El Beïda, près la cour d'Alger, qui l'a placé sous mandat de dépôt. Depuis, il est à la prison d'El Harrach, à Alger. Hier, la nouvelle de l'incarcération de Saïd Chitour a vite fait le tour des rédactions, où il était connu comme un loup blanc. Journaliste «fixeur», il arrangeait les rendez-vous entre les journalistes et les personnalités médiatico-politiques étrangères, notamment anglo-saxonnes, qui venaient en Algérie pour s'enquérir de la situation et auxquelles il servait d'interprète. C'est lors de la réception donnée, lundi soir, à la résidence de l'ambassade des Etats-Unis à Alger que l'information a été distillée par des diplomates. Selon des sources bien informées, Saïd Chitour a été arrêté par les services de sécurité le 5 juin dernier à l'aéroport d'Alger alors qu'il revenait d'un voyage en Espagne. Durant des mois il avait été soumis à une filature qui a abouti à son arrestation. Il y a deux semaines, il a été présenté devant le tribunal de Dar El Beïda, près la cour d'Alger, qui l'a placé sous mandat de dépôt pour une présumée affaire «d'espionnage, de remise de documents classés confidentiels à des diplomates étrangers contre de l'argent». Son frère s'inquiète beaucoup pour sa santé. «Je l'ai vu à la prison il y a seulement une semaine. Il était perdu, absent et a complètement fondu. Il ne cessait de répéter qu'il était innocent et qu'ils n'ont aucune preuve qui conforte les accusations. Il se savait surveillé, mais il n'a jamais parlé de ses inquiétudes. Il a été interpellé à deux reprises pour être interrogé. Il disait qu'il avait des ennemis, mais pas plus. Dès son arrivée à l'aéroport, il a eu juste le temps d'appeler son épouse pour lui dire qu'il avait été arrêté, puis plus rien.»