Sétifienne en chair et en os, Assia Samaï-Boudjadja, docteur en architecture troque son casque d'enseignante à l'université Sétif I (Ferhat Mekki Abbes) contre la plume d'une historienne en patrimoine, tant ses fouilles et recherches relèvent d'une approche scientifique de haut niveau. C'est avec la rigueur qui sied au scientifique de rang magistral que l'auteure met le doigt sur la question de la connaissance et de la préservation d'un patrimoine menacé disparition. Faute d'une préservation et d'une politique de sauvegarde et de restauration, l'autre partie tombant en décrépitude n'échappe pas à l'observation et au diagnostic de l'auteure, n'ayant pas épousé la facilité. Dans l'extrait de la préface, le professeur en architecture, Saïd Mazouz, l'exprime clairement : «L'ouvrage d'Assia Samaï-Bouadjadja vient à point nommé combler un vide dans le domaine du patrimoine bâti moderne, hérité de l'époque coloniale. Longtemps ignoré, voire méprisé par les pouvoirs publics, le bâti colonial reprend ses droits en matière de recherche, mais aussi dans le processus de fabrication de la ville en étant, pour cette dernière et dans beaucoup de cas, un élément structurant difficile à éluder. Dans sa post-face, le professeur Nadir Boumaza abonde dans le même sens : «Assia Samaï-Bouadjadja donne au savoir et à la mémoire architecturale, urbaine et sociale, la présentation méticuleuse et plutôt complète d'un corpus précieux et exemplaire de la production architecturale moderne constituée à Sétif entre 1930 et 1962… Ce travail pionnier appelle des prolongements…» Produit de longues années de recherches et fouilles dans les archives de Sétif, Alger, Vincennes (Paris), Aix-en-Provence (Marseille), Roubaix, Genève et autres, l'ouvrage où l'on découvre le parcours (plan, architecture, mode de réalisation, technique de construction et autres) de 51 bâtiments de la ville de Sétif, construits par F. Hennebique à J-H Calsat, entre 1930 et 1962. Destiné au large public devant faire plus ample connaissance avec un patrimoine d'une inestimable valeur historique, l'ouvrage est un outil de travail pour les spécialistes et étudiants en architecture. A travers cette approche de Assia Samaïa-Bouadjadja, qui n'est pas restée indifférente en 2009, lors du «rasage» de Diar En Nakhla (une cité de 200 logements, construite à Sétif en 1958), interpelle les pouvoirs publics devant non seulement composer avec les architectes, mais aussi bien réfléchir avant de procéder à la démolition d'une vieille bâtisse, qui n'était ni plus ni moins que la mémoire de la cité. «Le renouvellement urbain de la ville ne peut se faire sans l'implication directe des architectes devant accompagner leur discours par des productions utiles», souligne non sans fierté l'auteure, qui va sans doute permettre aux habitants de Sétif d'hier et d'aujourd'hui de faire plus ample connaissance avec les immeubles Brincat, Carlone, Benharoun, Bernabé, Botta, la cité Ciloc, Hammam Chiab, le marché couvert, l'école Péguin, les Galeries de France, le siège de la préfecture et autres joyaux architecturaux dont regorge la capitale des Hauts-Plateaux. Pour la qualité du travail et les innombrables informations fournies, la lecture de cet ouvrage est plus que recom-mandée.