Autour du livre Alger Ville & Architecture 1830-1840, paru conjointement aux éditions Barzakh d'Algérie et aux éditions Honoré Clair de France, deux belles rencontres ont eu lieu cette semaine, l'une à l'Institut français d'Alger et l'autre au centre Les Glycines d'El-Biar. Des rencontres animées par les auteurs et contributeurs de ce bel ouvrage, venus pour le grand plaisir des lecteurs présents, architectes ou simples citoyens qui se sentent concernés par le fait architectural et les différentes bâtisses qui les entourent et les abritent au quotidien. Tour à tour, Boussad Aïche, enseignant-chercheur au département d'architecture de l'université de Tizi Ouzou ; Juliette Hueber, ingénieure d'études au CNRS ; Thierry Lochard, architecte et historien-chercheur au ministère de la Culture et de la Communication, et Claudine Piaton, architecte et urbaniste du CNRS, ont eu à raconter la genèse de cette œuvre riche en documents et en histoire, née après un long travail d'exploration de la ville, de nombreuses rencontres avec ses habitants et de multiples recherches dans les archives aussi bien algériennes qu'européennes. Car il s'agit surtout d'archives et de patrimoine, des notions assez délicates, et encore sujet à polémique, pour ne pas dire parfois tabous tant la passion et le rejet sont encore présents et vivaces, renvoyant à une période coloniale qui a fait des ravages, mais qui a aussi construit des bâtiments et des œuvres architecturales dont l'Algérie a hérité et dont le citoyen algérien aujourd'hui est devenu propriétaire. Cette publication, qui a voulu retracer et raconter quelques rues et bâtiments d'Alger, bien que riche et fortement documentée, a cependant laissé sur leur soif certains présents qui voulaient en savoir plus, l'un demandant pourquoi la Casbah était si peu représentée, l'autre faisant observer que telle rue n'a pas été visitée, que tel bâtiment n'a pas été cité, ou tel autre fortement endommagé... Mais une chose est sûre : un ouvrage aussi volumineux soit-il ne peut être exhaustif à 100% et ne peut dire à lui seul toute l'histoire de ce patrimoine hérité bien malgré nous... C'est dire aussi l'intérêt que ce genre d'ouvrage suscite chez les Algériens ; Algérois pour ce qui est de cet ouvrage qui traite d'Alger, mais cela reste valable pour toutes les autres villes et villages d'Algérie. Un constat est cependant là : les avis divergent, et cette architecture coloniale est appréhendée différemment, oscillant entre ceux qui sont d'avis de la détruire car elle renvoie à une période noire à effacer de la mémoire - d'où la démolition de certains bâtis, et la dégradation d'autres - et ceux qui la considèrent comme héritage à préserver et patrimoine à sauvegarder, mais qu'ils sauvegardent parfois maladroitement en faussant son originalité ou en détruisant son cachet initial. Cet ouvrage a aussi été un prétexte pour quelques collaborateurs - Malik Chebahi, Nabila Chérif et Pierre Gombert - d'aborder dans leur intervention divers points importants à débattre dont : l'histoire de l'architecture moderne en Algérie (XIXe et XXe siècles) en faisant connaître les nombreux architectes et maîtres d'ouvrage de l'époque ; l'urbanisme à Alger à partir des sources conservées aux archives d'Outre-mer et la question de l'Art Nouveau avec comme cas le style néo-mauresque par exemple. Une publication intéressante à consulter qui vient enrichir le fond documentaire du monde de l'architecture contemporaine. Samira Bendris-Oulebsir Alger, ville & Architecture (1830-1840), Barzakh Editions, 2017, 2800 DA