Si en matière de réalisation de logements et d'équipements publics on parle d'avancée appréciable, bon nombre d'architectes et d'urbanistes estiment que tout est à revoir, à refaire ou à faire. L'argument porte sur le problème que pose l'occupation anarchique du territoire de la wilaya. Elle a atteint le seuil critique en termes de population au mètre carré. Certes, la récente récupération de plusieurs centaines de terres agricoles à El Bouni a servi de soupape d'aération au lancement de plusieurs projets en attente depuis des années. Mais elle est appelée à se refermer dans quelques mois pour la mise en route d'autres programmes de logements et constructions d'infrastructures socioéconomiques. Les 19 résidences universitaires, le Centre régional des urgences médicales, le Palais des foires et expositions, la réservation des surfaces, la réalisation de sièges de direction pour différentes administrations de l'Etat, en font partie. D'où, affirment les mêmes architectes et urbanistes, la nécessité de créer une zone régionale Annaba-Guelma-El Tarf. « Elle permettra une meilleure cohérence dans l'aménagement territoriale de ces trois wilayas limitrophes et étroitement liées en matière de développement économique et social », ont-ils précisé. Ces 3 dernières années, la wilaya de Annaba s'étrangle. Les actions publiques des collectivités locales en matière d'aménagement du territoire ne sont pas nombreuses. Celles lancées, comme le Plan directeur d'aménagement urbain au niveau des communes ne sont pas suivies. Sur le terrain, la localisation des grandes infrastructures de transport (tramway-téléphérique, gare routières-aérogare) des grands équipements, la préservation des espaces naturels, des sites et des paysages, n'est pas une certitude. La congestion des communes de Annaba, El Bouni, Sidi Amar et El Hadjar a atteint un niveau alarmant. A Annaba, c'est à qui accaparerait le premier les rares poches foncières encore libres. A El Hadjar, l'on a été contraint de délocaliser vers d'autres communes d'importants programmes de réalisation de logement initialement destinés à la population de cette commune. A El Bouni, la mise à jour d'un pillage, érigé les précédentes années en système, des assiettes de terrain destinées à l'habitat, a entraîné la mise sous mandat de dépôt de l'ancien P/APC et de plusieurs autres élus membres du conseil exécutif qu'il présidait. L'étalement urbain sur les espaces naturels et terres agricoles s'est opéré dans une totale discrétion. Aucune des associations écologiques comme l'Association nationale pour la protection de l'environnement et de lutte contre la pollution n'est intervenue pour alerter l'opinion publique sur ces atteintes. Les institutions de l'Etat ou élues occultent totalement toute orientation pour un développement du secteur économique et social de la wilaya.