Hamou Bekkouche, désormais ex-wali de Khenchela, diplômé de l'ENA, fait partie de la liste du large mouvement qui a touché un nombre important de wilayas. Il rejoindra la wilaya d'Adrar dans les prochains jours, ce qui peut être considéré comme une promotion, au vu de l'importance stratégique de cette région. Khenchela, où il est resté à peine deux années, fait partie des wilayas presque impossible à gérer pour un chef d'exécutif plutôt soucieux de servir, et non pas de se servir, tant les lobbys de toutes sortes et les réseaux d'intérêts sont puissants à faire main basse sur tout ce qui est sonnant et trébuchant, s'accaparant les terrains appartenant à l'Etat, de toutes natures (foncier urbain, industriel ou agricole), détournant des centaines de logements publics et «commerçant» tous azimuts, disposant d'emplois pour leurs proches ou les monnayant, distribuant les marchés publics à leur guise en contrepartie de commissions et autres pots-de-vin, etc. Ces réseaux prédateurs et mafieux se constituent au sein d'élus véreux, dans les APC et à l'APW, soutenus par les milieux de l'argent facile et des gros circuits du commerce de l'informel. Ces deux dernières années n'ont pas été très prolifiques pour ces «voleurs» en tous genres et leurs «baltaguias», tant le nouvel exécutif a utilisé tous les moyens légaux pour les empêcher de sévir. Ils ne cachaient pas d'ailleurs leur souhait de voir le wali muté ailleurs pour reprendre leurs basses besognes, allant jusqu'à multiplier les coups bas à son encontre et même à démarcher des relais à Alger pour s'en débarrasser. Si le précédent wali, Djelloul Boukaribila (muté à Saïda en 2015 et qui vient d'être définitivement écarté du corps des walis) -avec qui ces réseaux s'entendaient bien-, se targuait de disposer de «2 milliards de dollars» (sic) comme budget d'équipement pour la wilaya, il n'en consommait qu'à peine 11% par an, taux rendu public par l'administration du Trésor, ce qui explique l'énorme retard que connaît la wilaya en équipements, en logements et en infrastructures diverses. Le drame (effondrement des prix du pétrole aidant), c'est que les budgets non consommés par la wilaya de Khenchela ont été récupérés par Alger dès 2015 : le wali partant, lui, n'a pu disposer depuis que de budgets de fonctionnement, juste de quoi payer les salaires des fonctionnaires et assurer les petites dépenses courantes. Le nouveau wali de Khenchela, Nouisser Kamel, arrivé de Ghardaïa où il exerçait comme secrétaire général de la wilaya, aura donc une marge de manœuvre réduite dans pareil contexte. Tout n'est pas sombre dans cette région, qui a longtemps souffert de toutes sortes de dysfonctionnements et d'insuffisances criantes en encadrement administratif et en directeurs exécutifs à la hauteur de la tâche. Ces dernières années la société civile connaît un nouveau souffle de qualité, tant au niveau du mouvement associatif que sur les réseaux sociaux, ce qui donne de l'espoir, pour peu que cette dynamique continue de se développer. L'implication d'un nombre de plus en plus important de citoyens patriotes et désintéressés dans la gestion de la chose publique dessine les contours d'une démocratie participative prometteuse et l'émergence d'une force de proposition qui peut être très utile dans ces moments difficiles. D'ailleurs, un courant est né au sein de larges couches de la société à Khenchela visant à faire pression sur les pouvoirs publics au niveau central, à l'effet de débloquer le gel des grands projets d'équipement inscrits dans les programmes de développement de la région. : les Khenchelis semblent décidés et fortement déterminés à faire entendre leur voix et s'imposer comme acteurs incontournables dans la décision locale.