Le ministère de l'Education nationale a réussi à reprendre «un rythme de scolarité qui tend vers les normes, avec une rentrée scolaire dans les délais et un calendrier des examens respecté». Depuis son installation à la tête département de l'Education nationale, la ministre Nouria Benghabrit a réussi à imposer la rigueur dans certains dossiers qui constituaient auparavant des foyers de tension, gênant le bon fonctionnement du secteur. Il s'agit de l'instauration du concours de recrutement comme unique mode d'emploi d'enseignants et autres catégories de fonctionnaires dans le secteur. «Nous reconnaissons que la ministre a réussi à instaurer, en un laps de temps réduit, la discipline et la rigueur concernant l'organisation du concours, moyen ayant mis fin à la protestation des contractuels et aux interminables réclamations de promotions systématiques, même si nous avons des réserves sur le bilan pédagogique de la ministre», souligne Messaoud Amraoui, député indépendant à l'Assemblée populaire nationale (APN). Aux yeux d'organisations de parents d'élèves, Nouria Benghabrit glane aussi de bonnes notes concernant l'organisation du marché du manuel scolaire, «malgré les erreurs techniques ayant affecté les nouveaux manuels scolaires», tout en mettant de l'ordre concernant la fin du seuil des cours devenu une tradition pour les candidats au bac qui avaient l'habitude, durant des années, de réclamer que l'année scolaire se termine au début du troisième trimestre. Khaled Ahmed, président de l'Association nationale des parents d'élèves, estime que le ministère de l'Education a réussi à reprendre «un rythme de scolarité qui tend vers les normes, avec une rentrée scolaire dans les délais et un calendrier des examens respecté». L'organisation des concours et des sessions de formation avant le début de chaque année scolaire a mis fin au retard habituel dans le début des cours avec les pénuries d'enseignants, des livres et autres aspects relevant de l'organisation. «Depuis quelques années, tous les détails ayant trait à l'organisation de la rentrée scolaire sont réglés durant l'été, ce qui a eu pour effet qu'il y ait moins de blocages à la rentrée», souligne M. Khaled qui se réfère également à la charte de l'éthique et de stabilité dans le secteur, signée fin 2015 avec les syndicats et qui a eu pour effet une année scolaire sans grève. L'organisation considère également que l'enseignement de tamazight, confiné dans moins de 10 wilayas il y a quelques années et généralisé aujourd'hui à 34 wilayas, est certes le fruit de la mobilisation et également le fait d'être encouragé par la ministre actuelle, en attendant que les efforts soient dirigés vers la levée du statut facultatif de l'enseignement de cette langue. L'Ingérence du politique freine la réforme L'ingérence du politique dans la pédagogie freine la machine de la réforme lancée en 2014 avec l'organisation de l'évaluation de la réforme ayant découlé sur les programmes et manuels de deuxième génération. «Nous sommes actuellement à la deuxième année de l'application de la 2e génération des programmes et des manuels qui concernent le cycle obligatoire que sont le primaire et le moyen, mais rien n'est encore prévu pour le secondaire. La conférence d'évaluation est à chaque fois ajournée et vu la situation des finances publiques, il n'est pas sûr qu'elle sera tenue de sitôt», souligne Idir Achour du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (Cela). Ce syndicat estime que le gouvernement a toujours su imposer son point de vue, et cela aurait pu être fait dans l'application de la réforme. «Le gouvernement s'implique toujours dans les questions de pédagogie pour ne pas secouer la situation, éviter les débats qui dérangent et préserver la paix sociale», estime le même syndicaliste. L'ingérence du politique dans les questions pédagogiques a été relevée, notamment, dans l'ajournement de l'application des modalités d'organisation du baccalauréat. Prévue au début de l'année scolaire 2016/2017, après un long débat dans lequel toutes les tendances se sont exprimées, la mouture de la réforme produite par la commission chargée de l'élaboration des propositions a été ajournée. La mesure annoncée par Mme Benghabrit a été tout simplement reportée sous prétexte de «la nécessité d'un travail de sensibilisation à l'adresse des élèves». Rappelons dans ce contexte les explications que la ministre a données : «Il n'y a pas eu de recul sur le projet de refonte adopté par la commission chargée de ce travail en concertation avec le partenaire social.» La ministre a également expliqué que son département suit une démarche «visant à ne pas bousculer les habitudes, ce qui demande du temps pour convaincre». Le département de l'Education est arrivé à la conclusion que le projet de la réforme du bac, qui mettra fin à toutes les dérives de la triche, de l'absentéisme, de la fuite des sujets et de la surcharge des matières, «a besoin de temps pour l'expliquer aux élèves et convaincre le partenaire social et tous ceux qui sont concernés. Nous avons décidé de prendre notre temps, mais ce n'est pas du recul», avait déclaré la ministre lors d'un de ses déplacements professionnels dans la wilaya de Tindouf, au début de l'année scolaire écoulée. Il convient de rappeler que la commission chargée de fournir des propositions pour remédier aux dysfonctionnements de cet examen a été confrontée à de vives polémiques sur les solutions proposées. La suppression de certaines matières secondaires (sciences islamiques, histoire...) et la révision des coefficients présentées comme solution possible quant à la surcharge de l'examen et le caractère généraliste du baccalauréat ont été à l'origine d'une violente campagne qui a duré tout l'été 2016 et qui est considérée comme la raison principale ayant contraint le gouvernement à ajourner le projet de réforme. C'est également l'ingérence du politique dans les questions de la pédagogie qui a dicté l'organisation d'une session spéciale du baccalauréat au profit des absents de la session de juin 2017. Une décision qualifiée de populiste et d'antipédagogique par les représentants des enseignants qui y voient «une brèche qui ouvrira le champs à tous les dépassements à l'avenir», entre autres craintes exprimées par Meziane Meriane, coordinateur national du Snapest, au lendemain de l'annonce de cette session spéciale.