Pour la troisième année consécutive, une rencontre à caractère académique accompagnera la célèbre «waâda» de Sidi El Hasni à Oran. Un regroupement confrérique impressionnant qui a lieu, chaque année, à la zaouïa éponyme gérée par les descendants du cheikh Moulay Abdallah Cherif Louazzani et dont l'association est présidée actuellement par Moulay Hassen. «Soufisme et esthétique» est l'intitulé générique choisi cette année pour cet événement prévu aujourd'hui (mercredi 26 juillet) dans la salle de conférence de la grande mosquée Ben Badis. Sous le patronage de Bouabdallah Ghlamallah, ancien ministre des Affaires Religieuses et actuel président du Haut conseil islamique, cette manifestation se tiendra en étroite collaboration avec l'université d'Oran, notamment son laboratoire dédié au «concept des valeurs dans les mutations intellectuelles et politiques en Algérie» et dirigé par Abdelkader Bouarfa. Docteur en philosophie et à qui on doit plusieurs ouvrages, notamment «Les illustres de la pensée et du soufisme algérien» ou le «Dictionnaire des sectes et des voies mystiques en Algérie», Abdelkader Bouarfa interviendra juste après la cérémonie d'ouverture sur «L'expérience esthétique dans le discours soufi». Il sera suivi par Bouzid Boumedienne de la même université Oran II mais qui a opté pour «La symbolique et l'expérience du vécu dans le soufisme». En tout, une dizaine d'intervenants sont prévus au programme de cette matinée qui sera clôturée par l'intervention d'un membre de la confrérie qui parlera justement de l'esthétique des cercles (halqa) du «dikr» (évocation) et des «awrad» qui caractérisent le rituel de la waâda en question. Les festivités qui lui sont consacrées seront entamées le lendemain jeudi. En général, selon une manière de faire immuable et bien ancrée dans la tradition, les représentants de la zaouïa prendront tout le temps nécessaire pour accueillir une par une les différentes confréries invitées, chacune avec ses couleurs et ses fanions et qui séjourneront à Oran durant les trois jours que dure la manifestation. Cet accueil organisé devant la zaouïa se caractérise par ses airs de fête (chants et percussions) et c'est sans doute ce qui attire les foules qui vont s'amasser autour des troupes folkloriques. En fin d'après midi, juste après la prière du «âasr», les participants vont entamer la lecture ininterrompue du Coran, un rendez-vous qu'on dénomme «selka» et qui va durer jusqu'au matin du vendredi. Une prouesse durant laquelle les femmes veilleront aussi avec eux pour assurer le ravitaillement et les préparations spéciales qui feront en sorte que les voix ne flétrissent pas. La clôture de la «selka» sera suivie durant cette même matinée par un spectacle folklorique de type «baroud» qui sera donné par la troupe du Touat. Un autre cérémonial prévu dans l'après-midi consiste à habiller le tombeau du saint en présence des représentants des différentes «tariqa». Chacune à sa manière, celles-ci seront invitées à exécuter des chants religieux pour clore la journée. Le lendemain samedi, selon une tradition dont on a oublié le sens exact, une procession traversera la ville pour atteindre le tombeau de l'imam Sidi El Houari, situé au cœur du quartier qui porte son nom.