Le nouveau chef de l'exécutif de wilaya, Mme Ouinez Labiba, a invité à une rencontre les représentants de la société civile, les élus ainsi que les cadres de l'administration pour «faire connaissance», selon ses propos. Cela l'a été, mais à sens unique, puisqu'elle lui a servi pour se présenter sans qu'il y ait eu d'échange avec l'assistance. La réunion, qui a débuté avec une heure de retard, un mauvais signe, a tourné court. Le P/APW, en maître des cérémonies, n'a donné la parole qu'à deux personnes, un moudjahid et un imam. Ce dernier, qui a formulé une courte prière et des vœux de succès au chef de l'exécutif, est en fait le directeur de wilaya des affaires religieuses par intérim. Quant au moudjahid, il s'agit du responsable de l'association des invalides de guerre, alors que la préséance, selon le protocole, aurait voulu que ce soit le SG des moudjahidine qui s'exprime au nom de «la famille révolutionnaire». Très vexé, il est sorti en vociférant à l'adresse du P/APW. Que conclure, au vu des réactions de l'assistance au sortir de la rencontre, les propos allaient bon train. La comparaison a été faite avec son prédécesseur immédiat, le dernier wali en poste : «Tout compte fait, il n'est pas mauvais que le nouveau wali soit de nouveau une femme. Comme cela, fini les exhibitions du chef de l'exécutif aux waâdas, aux zaouias, aux mosquées et tout un populisme qui a permis de mettre dans l'ombre l'essentiel de son activité, celle qui se passait dans l'opacité et qui concerne le développement de la wilaya.» Ainsi, depuis l'inattendue mise à l'écart de l'ex-wali, au bout de seulement deux années, les langues continuent à se délier. On lui reproche essentiellement d'avoir en un laps de temps très court réparti tout le foncier qu'il soit industriel, touristique, urbain ou agricole à travers la wilaya. Il l'a fait en poussant à l'extrême les orientations du gouvernement Sellal, qui avait libéré les walis de la contrainte de faire passer les demandes d'investissement et les attributions de terrain par des commissions. L'appréciation de l'opportunité des projets et le choix de leurs porteurs lui revenait à lui seul. A titre d'exemple, on lui reproche qu'à Témouchent-ville la mise à disposition des minoteries Cohen, situés en plein centre ville sur un immense espace pour en faire un centre commercial alors qu'il y en a plein et alors que surtout il y avait le projet d'en faire un garage en sous-sol et sur plusieurs étages de façon d'une part à réduire le problème du stationnement et d'autre part à assurer des rentrées au budget communal avec ses recettes. «A une affectation judicieuse socialement et économiquement, le wali a préféré une autre tout à fait mercantiliste. Après tout, une grande surface, cela se construit partout à la périphérie des villes. Espérons que le nouveau chef de l'exécutif réexamine le bien-fondé des cessions et concessions accordées à tour de bras», clame un élu. Mais la plus grande énigme reste les dessous de l'affectation des terres agricoles à des particuliers ainsi que la question de la zone industrielle de Tamzoura de 250 ha dont la grande majorité des lots ont été attribués en l'absence de toute transparence. Pis, certains investisseurs ont lancé la réalisation de leurs usines, quelques unes devraient même incessamment entrer en production. Or, l'aménagement de cette zone n'a à ce jour pas été réalisé par l'Aniref, l'Agence nationale dont c'est la mission. Aucune raison n'a été avancée pour expliquer l'attitude de l'Aniref et de son ministère de tutelle, celui de l'Industrie. «Y aura-t-il une enquête? La justice s'auto-saisira-t-elle ?», s'interrogent les plus hardis critiques.